L’aubépine monogyne (Cratægus monogyna) Rosacées
On l’appelle parfois l’épine blanche. Elle pousse en haies, buissons nains ou pas, impénétrables. Il existe une autre variété très connue l’aunbépine laevigata appelée plus communément aubépine à deux styles. D’une manière générale c’est une espèce qui s’hybride facilement. Les jardiniers avertis apprécient les variétés à fleurs doubles ou colorées.
– Mai. Bouquets denses de fleurs blanches à la fin du printemps.
Pollinisation entomophile, la dispersion des graines est faite par les oiseaux. Une seule graine dans le fruit de Cratægus monogyna, deux graines dans la variété Cratægus cunette, les cenelles de cette aubépine de chine sont utilisées dans ce pays comme adjuvant dans le traitement du cancer de l’estomac et des ovaires.
– Fruit : cenelle rouge appelée poire du Seigneur en Suisse, poire à Bon Dieu ou d’oiseaux en France.
Taille de 2 à 5 m à feuilles caduques. Les feuilles sont profondément découpées avec des poils à l’aisselle des nervures. C’est un arbuste épineux. Certains spécimens ont atteint mille ans. Le tronc est, en général, profondément fissuré, souvent court et présente des courbures.
Multiplication
– Rejet de souche et par semis.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
Dérive du grec ancien krataigos, désignant semble-t-il, chez Théophraste, un arbrisseau épineux. Il nommait ce même arbrisseau leukakantha (leucos fait allusion aux fleurs blanches et akantha aux épines). Cratægus signifiant qui fortifie les chèvres, du grec ancien cratos, fort et Aigos, chèvre).
Monogyna : du latin monogynus : à un seul ovaire (un seul style).
La Révolution Française créa le concept d’Arbre de la Liberté et fit planter 60.000 pieds d’Aubépine dans toute la France (1789 et 1792). Sous la Terreur, sinistre période, 63 habitants de Bédouin (Vaucluse) furent guillotinés, le village incendié et les survivants chassés, faute d’avoir découvert le criminel qui avait injurié la République en abattant l’arbre symbolique du village. Il exista aussi en Belgique des « Arbres de la Liberté » plantés en 1830, afin de célébrer l’indépendance du nouveau royaume, sans donner lieu à un tel fanatisme.
L’appellation française Bois de Mai, le mois de mai, et May Whitethorn en anglais font bien entendus référence à l’époque de floraison de l’Aubépine ; floraison souvent abondante, voire exubérante, dont la blancheur évoque la virginité (comme le Lys blanc) et fut donc tout naturellement dédiée à la Vierge Marie. La coutume, commémorant un événement ou un élu local par l’édification d’un mât (mai) décoré de fleurs, de rubans tricolores et de branches d’arbre, est encore très vivante en France. Elle s’inspire (sans bien souvent en connaître la signification profonde) de coutumes lointaines célébrant le renouveau, l’espérance de fertilité, de bonheur,…
L’Aubépine faisait partie des rites druidiques pratiqués par les Celtes. Elle avait le pouvoir de punir de la peine de mort un roi et sa famille pour mauvaise conduite envers ses sujets. L’arbrisseau était indispensable lors du rite pratiqué au sommet d’une colline. Les Romains faisaient grand cas de l’Aubépine, les branches fleuries symbolisaient la pureté. Plus tard, la religion catholique, récupérant une partie des traditions du paganisme, consacra l’arbrisseau et le mois de mai (époque de sa floraison) à la Vierge Marie. Il faut remarquer néanmoins que l’Aubépine n’est pratiquement plus jamais à l’honneur lors de ces manifestations folkloriques. D’autres espèces plus développées sont généralement choisies.
Dans le calendrier des arbres, l’aubépine (lettre H de l’alphabet et s’appelait Uath) représentait la période du 13 mai au 9 juin.
Le plus vieux pied d’aubépine aurait été planté en l’an 63 avant JC et détruit en 1649 par les puritains de Cromwell. Cette aubépine serait issue du bâton planté par Joseph d’Arimathie, revenu de Jérusalem après avoir enseveli le Sauveur dans un nouveau sépulcre. Ce dernier éleva à Glastonbury (Somerset-GB) la première église d’Angleterre qui devint par la suite une abbaye célèbre. Depuis cette époque, cette aubépine fleurissait tous les ans, la veille de la naissance du Christ et le jour de Noël, on apportait solennellement au roi un de ses rameaux. Cet arbuste miraculeux représentait la vierge, plus précisément la vierge de la Passion, Notre Dame des sept Douleurs, car si ses fleurs sont blanches, leurs étamines sont rouges comme des gouttes de sang. Ses rameaux piquants auraient formé la couronne d’épines du Christ. Les anglais l’appelle « l’épine rapide » soit quickhorn du fait qu’elle pousse rapidement.
De cette double consécration, l’arbuste possédait des pouvoirs ; la foudre ne l’atteignait jamais et l’on pouvait s’y abriter en toute sécurité.
« L’épine blanche » consacrée à la Vierge était souveraine contre l’enfer et prévenait des envoûtements des sorcières. Les magiciennes avaient d’ailleurs quelques affinités pour l’épine blanche, mais sa consécration à la Vierge leur fit préférer l’épine noire ou prunellier (Prunus spinosa). Quiconque offensait le buisson blanc, ou l’employait à des fins profanes, s’exposait à des malheurs.
Toutes ces différentes croyances chrétiennes proviennent en fait d’anciennes croyances celtes païennes où l’aubépine jouissait d’un redoutable prestige. L’aubépine sacrée, lors de la conversion de l’Irlande, avait été vouée à St Patrick, son évangélisateur. Aujourd’hui encore, si en Irlande et au Pays de Galles, les services publics veulent déterrer une aubépine gênante, la population s’y oppose.La couper porte malheur d’autant plus qu’un tas de légendes courent sur certains arbres (le chêne et le frêne également), appelés «fairy thorn trees» les arbres aux fées ou pour l’aubépine, l’épine des fées. Pour cette dernière la croyance des gaéliques la définissait comme porte d’entrée vers le monde parallèle des fées.
Sur les places de beaucoup de villages d’Europe, un usage très répandu consistait à décorer l’arbre d’objets représentant la fécondité, en dansant autour de lui pour attire la prospérité.
À Rome, dans le calendrier archaïque, l’aubépine ou le poirier sauvage (consacré à Héra), arbre lui aussi épineux aux fleurs ressemblant à celles de l’aubépine, était l’arbre de Mai. Les Romains avaient dédié l’aubépine à l’inquiétante déesse Maïa, mère d’Hermès, qu’ils célébraient en mai (étymologiquement mai vient de Maïa). Sa floraison annonçait la fin des temps froids. Purifications, nettoyages des temples, lavages des images des dieux étaient alors de rigueur ; on ne portait alors que de vieux vêtements que l’on changeait ensuite contre des neufs d’où le dicton populaire si connu : « En avril ne te découvre pas d’un fil, en mai fais ce qu’il te plait ».
On ne célébrait aucun mariage à Rome en mai, une tradition qui est encore vivace aujourd’hui. Ceux qui devaient avoir lieu étaient célébrés avec cinq torches d’aubépines fleuries conjurant la redoutable Maïa. Cette prohibition traditionaliste s’explique par l’observation de chasteté pendant ce mois de purifications. Aussi, on comprend mieux pourquoi l’aubépine fut consacrée à la Vierge Marie, si bien que le mois de mai devint tout naturellement le mois de Marie.
Utilisations
Son bois est homogène, extrêmement dur, dense, lourd, très résistant au frottement, au beau poli et proche de celui de l’Alisier blanc. Son pouvoir calorifique est très important, son utilisation en bois d’œuvre est très limité.
– Autrefois : Les fruits étaient utilisés pour compléter la farine (lors des grandes famines, la pulpe farineuse des fruits était séchée et moulue pour être ensuite incorporée à la farine des céréales), à l’eau-de-vie. Son bois dur servait à réaliser des pièces mécaniques, des battants de fléaux, ou comme bois tourné, on l’utilisait aussi comme un bon combustible. Durant la 1e guerre mondiale, on remplaçait le thé et le tabac par de jeunes feuilles d’aubépine et le café par ses graines. Son bois était utilisé pour confectionner des cannes ou des manches d’outils au poli très décoratifs.
– Actuellement : parfois utilisé en sculpture.
– Usages particuliers : porte-greffe (du Néflier et du Poirier), haies vives ou clôtures naturelles d’enclos d’ovins : utilisées en remplacement des murets de pierre, elles sont constituées avec des pieds d’aubépine plantés, tressés et rabattus au pied de piquets enfoncés dans le sol faisant office de haies.
Usages médicinaux
La fleur les feuilles et les cenelles sont tonicardiaques, sédatives et antispasmodiques. Les fleurs séchées en infusion soignent les troubles nerveux et les insomnies. Elle favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, améliore la fonction cardiaque et est bénéfique pour l’hyper et l’hypotension. Son efficacité a été démontrée par des recherches japonaises.
Maladie
Le feu bactérien :
Une bactérie, Erwinia amylovora, identifiée en 1885, est responsable d’une maladie redoutable des Rosacées telles que Cratægus, Sorbus, Pyrus. Infesté, le ligneux se dessèche très rapidement comme s’il était victime d’un incendie, d’où le nom imagé donné à cette maladie. Connue depuis 1780 aux Etats-Unis, l’épidémie (favorisée par le transport des bactéries par les insectes se nourrissant des sécrétions sucrées des parties contaminées) s’est rapidement propagée, d’abord aux E.-U. et au Canada, ensuite en Angleterre (1959) et enfin, dès 1966, sur le vieux continent (caisses de fruits infectés ! ?).
Les animaux vivant dans les haies d’aubépine
Environ cent cinquante espèces d’insectes sont liées à l’aubépine. Ces insectes rendent aussi visite aux autres rosacées qui poussent dans les haies. À la fin du printemps, le nectar des fleurs d’aubépine attire les mouches, les coléoptères et diverses abeilles. Parmi les nombreux insectes fidèles à l’aubépine, on dénombre au moins quatre-vingts larves de papillons de nuit. Heureusement que leur régime ne se limite pas à l’aubépine, sinon il n’en resterait plus dans la nature !
La chenille arpenteuse de l’Operophtera brumata sort de l’œuf au milieu du printemps. Elle se met alors à dévorer les jeunes feuilles et les bourgeons floraux en toute tranquillité, car elle s’abrite sous un amas de feuilles tissé de soie. Cette soie a un reflet métallique. L’an dernier, j’ai vu un arbre qui de loin semblait avoir été saupoudré d’argent : il était en fait couvert de toiles de chenille arpenteuse. À la fin du printemps, la chenille arrive généralement à maturité, elle se laisse tomber à terre – au grand soulagement des arbres -, et se transforme en chrysalide dans le sol. Le jeune papillon de nuit fait son apparition à la fin de l’automne ou en l’hiver. La femelle qui ne possède que des rudiments d’ailes est incapable de voler. Elle grimpe donc à un arbre, s’installe sur l’écorce et attend qu’un mâle passe par là. Les arboriculteurs fixent des bandes huileuses autour des troncs pour empêcher les femelles de grimper aux arbres et de déposer leurs œufs près des bourgeons des feuilles.
Le Cilix glaucata, papillon de nuit dont les ailes antérieures semblent parsemées de caractères chinois dessinés à l’encre blanche, ressemble à une crotte d’oiseau lorsqu’il est posé, de sorte qu’aucun animal ne vient l’ennuyer. Le bombyx feuille-morte, Gastropacha quercifolia, passe aussi inaperçu, car il ressemble à une feuille morte. Les chenilles des lasiocampidés vivent en communauté : elles ne quittent la toile de soie qui leur sert d’abri que la nuit pour aller s’alimenter.
La queue d’or, Eurpoctis similis, est un papillon de nuit blanc dont la queue jaune possède des poils irritants. Lorsque la femelle pond ses œufs, elle protège chaque tas en le recouvrant de poils prélevés sur sa queue. Les chenilles sont également poilues, et lorsqu’elles se transforment en chrysalide, leur cocon marron renferme quelques poils. En hiver, vous verrez peut-être des nymphes marron et de forme oblongue fixées à des branches d’aubépine : ce sont celles de la mouche à scie de l’aubépine. Cet insecte a une envergure d’environ 4 mm. Les mouches à scie possèdent quatre ailes, ce ne sont donc pas de vraies mouches. Elles appartiennent en fait à la même famille que les guêpes, les abeilles et les fourmis, celle des hyménoptères. Leurs larves dévorent méticuleusement les feuilles. Elles sont facilement identifiables, car elles possèdent plus de cinq paires de fausses pattes, contrairement aux chenilles de papillon.
Les baies de l’aubépine sont picorées par de petits mammifères qui vivent au bas de la haie, ainsi que par des oiseaux qui construisant leur nid dans l’aubépine, viennent s’y percher et y chasser. Ces oiseaux et ces petits mammifères sont menacés par les oiseaux de proie, les renards, les hermines et les belettes. Les musaraignes recherchent, quant à elles, les invertébrés qui vivent au bord de la haie. La plupart des prédateurs laissent les musaraignes en paix, car ils n’aiment pas l’odeur qu’elles dégagent. Seules les chouettes ne semblent pas être rebutées.
La punaise des baies consomme les baies d’aubépine à l’automne et les jeunes feuilles d’aubépine au printemps. Dans la famille des punaises se trouve aussi la punaise grise, qui couve son tas d’œufs en forme de diamant jusqu’à l’éclosion. Elle continue ensuite à protéger ses petits : lorsqu’un prédateur s’approche, elle pousse rapidement les jeunes punaises sous une feuille avant de se camoufler elle-même.
La punaise de deux couleurs vit sur l’ortie blanche, mais aussi sur d’autres labiacées poussant au bas de la haie. Les feuilles de l’ortie blanche ressemblent à celle de l’ortie, mais ne possèdent pas de poils urticants. Ses fleurs reçoivent la visite de bourdons à longue trompe, venus récolter le nectar.
L’arum tacheté piège gentiment de minuscules mouches et les relâche dès que la pollinisation a eu lieu. Il s’épanouit à l’époque où les coucous pondent leurs œufs, le plus souvent dans le nid d’un accenteur mouchet – un oiseau timide qui vit dans les haies. C’est à la même époque qu’apparaît le crachat de coucou, cette écume gluante que sécrète la nymphe des cercopidés, lorsqu’elle craint d’être grillée par le soleil ou dévorée par un oiseau. Le crachat de coucou la protège dans les deux cas.
La présence de clochettes le long d’une haie trahit remplacement d’une ancienne forêt. Les clochettes sont butinées par les abeilles et le bombylius major. Ce dernier est une vraie mouche qui ressemble à une grosse abeille. La stellaire et le compagnon rouge, plantes forestières, se plaisent souvent le long des haies. La digitale, en revanche, pousse en bordure de forêt ou dans les clairières, et est butinée par les bourdons.
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