L’orme Ulmacées comme le micocoulier
– Champêtre ou ormeau ou orme rouge à cause de la couleur de son bois (Ulmus minor ou campestri)
– De Chine (Ulmus parvifolia) grandes feuilles qui deviennent persistantes en fonction du climat
– De Sibérie (Zelkova creata) feuilles grossièrement dentées et fait rare sont symétriques
– Nain de Sibérie (Ulmus pumila) en Asie, petites feuilles de 2 à 7 cm
– Faux orme de Sibérie à feuilles de charme (Zelkova carpinifolia)
– Rouge (Ulmus rubra) cet arbre appelé ainsi, allusion à la couleur de son bois rougeâtre contrairement au bois d’autres ormes qui est blanchâtre.
– Ulmus japonica
– Ulmus hollandica
– Ulmus americana
– Diffus (Ulmus diffusa)
– Des montagnes ou orme blanc (entre 600 et 1600 m d’altitude associés aux hêtres et aux sapins)
– Il existe une variété dite « tortillard » comme le hêtre, un hybride japonais (Ulmus résista) semble résister à la graphiose
Il existe 80 espèces d’ormes.
Floraison
– Mars à avril. Avant les feuilles, cet arbre se couvre de fleurs hermaphrodites rougeâtres.
Pollinisation et dispersion des graines anémophiles. Le bourgeon de l’orme champêtre est brun, celui de l’orme de montagne a des poils rouges.
Fructification
– Fruit : apparue déjà avant les feuilles, la samare à graine ronde entourée d’une membrane vert tendre ou brune à l’état sec, proche du sommet.
Taille de 30 à 35 m (record 47 m) à cime dense à écorce gris noirâtre chez l’arbre jeune, ensuite, de profonds sillons longitudinaux se creusent. Les feuilles caduques sont caractéristiques (dissymétriques à la base à double denture et à limbe vert foncé rugueux au toucher) et commencent à tomber dès le mois d’août (si le terrain est sablonneux ou rocheux) sinon elles restent en place, toujours magnifiques, jusqu’à la mi-octobre pour tomber à peine jaunies 15 jours plus tard . Les feuilles de l’orme de montagne sont plus grandes (12 à 15 cm) et sont munies de trois pointes. L’orme aime les sols humides ,il résiste aux inondations de longue durée, il craint la sécheresse qui est dangereuse pour lui et pousse deux fois plus vite que le chêne. L’orme pédonculé et l’orme subéreux affectionnent les terrains marécageux sous un climat tempéré contrairement aux ormes européens.
Les plus connus sont :
– L’orme subéreux ou galeux (appelé ainsi à cause de sa raideur) : ses branches retombent très peu, ses feuilles sont deux fois plus petite que l’orme champêtre. Le tronc est brunâtre, même jaune avec des gerçures et des bourrelets. Sa reproduction par ses graines est aléatoire, il drageonne facilement d’où sa présence en taillis, ses racines superficielles portent des rejets plus ou moins nombreux en fonction de l’humidité du sol.
– L’orme champêtre ou rouge : il aile les régions méridionales et on le trouve même en Afrique du Nord au bord des rivières de plaine. Si les conditions sont propices, il peut atteindre 30 m. Ses feuilles sont d’un vert indéfinissable, rude et rêche au toucher, étroites et souples. L’écorce, elle, est lisse pendant 10 ans puis se crevasse par la suite.
– L’orme des montagnes : ce n’est un arbre typique des sommets mais plutôt de moyenne montagne dans des endroits protégés encadrés de rochers retenant l’humidité à l’ombre, ses racines sont peu profondes et ses graines sont bien disséminées et il drageonne très peu.
– L’orme pédonculé ou diffus (appelé ainsi à cause de sa cime irrégulière) : ses graines ailées flottantes sont accrochées à un long pédoncule, il aime la plaine et les terrains marécageux, les feuilles sont poilues et le tronc est hérissé de petites branches et son écorce, avec l’âge, devient grise et s écaille (unique chez les ormes).
– L’orme fastigié : se reconnait à sa silhouette conique et très élancée. On le plante le long des routes.
– L’orme pleureur : ses rameaux retombant vers le sol lui confère la forme d’un pittoresque parasol.
Multiplication
– Semis, marcottage, rejet de souche et greffe.
Les ormes se caractérisent par des feuilles elliptiques, dissymétriques et râpeuses.
L’écorce fissurée est de couleur gris-brun.
La particularité de cet arbre est que dès le mois de mars, dans le froid, le gel ou même la neige, apparaît sur son bois des fleurettes, simples bouquets d’étamines roses, si nombreuses que tout l’arbre en rougeoie.
En avril, avant les feuilles apparaissent les fruits qui sont des petites graines carminées ailées (faisant penser à une soucoupe volante) pouvant ainsi flotter. Ces graines ou samares tombent en mai. Cette précocité de reproduction est particulière à l’orme. Beaucoup de variétés d’ormes qui ont tendance à s’hybrider.
L’orme peut devenir plusieurs fois centenaire. Il reste encore des spécimens qui ont été plantés par Sully sur la place des villages.
Jadis, on en trouvait beaucoup le long des routes, mais malheureusement une maladie (la graphiose) les fait disparaître depuis 1970. Le tronc des ormes portent souvent des bosses (loupes), où les fibres du bois sont entremêlées et forment des dessins bizarres.
Maladie
Des millions d’ormes (90 % des sujets existants), depuis 1925 et par vagues successives, ont pratiquement disparu d’Europe et d’Amérique du Nord à cause d’une maladie venue d’Extrême-Orient : la graphiose (graphiosa ulmi) maladie cryptogamique. On parle d’extinction d’ici le troisième millénaire.
Cette maladie est due à des champignons microscopiques ( Ceratosystis ulmi et Ophiostoma ulmi) véhiculés par un petit coléoptère (s’attaquant spécialement à l’aubier) ; cette maladie, en obturant les vaisseaux de l’arbre, le fait se dessécher, puis périr. Un traitement très onéreux mais incertain fut trouvé. Aujourd’hui des chercheurs américains et japonais ont réussi à mettre au point des variétés résistantes. On trouve d’ailleurs une de ces variétés dans un parc municipal d’Auch dans le Gers.
Dans la nature, on rencontre plutôt des ormeaux.
La graphiose
Deux minuscules coléoptères d’environ 5 mm de longueur (Scolytus scolytus et Scolytus multistriatus) sont les principaux vecteurs des spores d’un champignon parasite ascomycète (Ophiostoma ulmi ex Ceratosystis ulmi) qui envahit les vaisseaux conducteurs des Ormes et se nourrit de sève élaborée. Les canaux circulatoires sont finalement bouchés par de la gomme sécrétée par réaction en les cellules des vaisseaux conducteurs. La circulation de la sève est ainsi arrêtée ou gravement perturbée.
Cette maladie des Ormes fut repérée en 1919 par une botaniste néerlandaise, Dina Spierenburg, et l’agent pathogène (Ophiostoma ulmi ex Ceratosystis ulmi) fut identifié, en 1921, par la Hollandaise Marie-Béatrice Schwarz.
La maladie des Ormes, encore appelée maladie hollandaise (hommage rendu aux scientifiques qui l’identifièrent laisse planer, dans le public non-averti, l’idée que cette maladie mortelle est apparue en Hollande
C’est en 1918 que la maladie s’est déclarée en Picardie, Belgique et Hollande.
En 1926, elle infectait les Ormes américains ; en 1944, ceux du Canada.
Deux souches de champignons (asiatique et nord-américaine) sont actuellement connues et responsables, l’une et l’autre (sans être interfécondes), du dépérissement des Ormes. Le rôle des Scolytes ne fut élucidé qu’en 1934 par l’Américain William Middleton.
Quelques semaines après l’apparition des feuilles, l’extrémité des rameaux montre un jaunissement du feuillage. Il s’agit alors, soit d’une infection hivernale transmise par les racines d’un Orme voisin, soit d’une infection résiduelle.
Les infections plus précoces, soit quelques jours après l’apparition des feuilles, sont le résultat de nouvelles introductions du champignon par les Scolytes. Les Scolytes se reproduisent dans le phloème des arbres affaiblis ou moribonds (par toutes causes, y compris climatiques). Les insectes les détectent grâce aux odeurs attractives
qu’ils libèrent spécialement lorsque la circulation de la sève est perturbée (par exemple une diminution de la
turgescence des cellules). Ces parfums, l’hydroxybenzaldéhyde et la vanilline, sont détectés seulement par les Scolytes spécifiques des Ormes. Cette attractivité, dite primaire, de l’odeur de la plante pour les insectes explique l’exclusivité de l’espèce consommée, non pas pour sa valeur nutritive, mais pour son parfum irrésistible. Une fois investi par une femelle Scolyte vierge, celle-ci libère à son tour deux substances attractives (phéromones) pour d’autres femelles et pour les mâles reproducteurs. Cette deuxième phase du comportement des insectes est appelée attraction secondaire (consulter également les genres Picea et Pinus). Après l’accouplement, une des deux phéromones sécrétées par la femelle cesse d’être émise, et la deuxième, toujours libérée, a un effet répulsif sur les mâles qui recherchent d’autres sites à femelles vierges…
Ceci explique la rapidité de la propagation de la maladie encore appelée graphiose à cause du graphisme que la
femelle et ensuite ses larves provoquent en creusant des galeries.
Il s’agit d’une galerie principale creusée sous l’écorce, orientée suivant l’axe du tronc ou des rameaux, d’où
partent, de chaque côté, jusqu’à 20 galeries perpendiculaires ; soit un total d’une quarantaine de larves qui creusent l’écorce interne ou phloème dont elles se nourrissent. Cette architecture ressemble à une sorte de mille-pattes caractéristique. Libérés après métamorphose, les insectes arrivés à terme, creusent un trou de sortie à l’extrémité de leur galerie et, attirés par le parfum d’autres ormes malades ou affaiblis, vont se nourrir dans leur cime qu’ils infectent à leur tour (2 à 3 générations annuelles peuvent se succéder !).
Une lutte biologique a été élaborée par la pose de pièges attractifs à base de phéromones de synthèse ou par
l’inoculation d’une bactérie à action fongicide (Pseudomonas syringae) qui circule dans la sève.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
L’orme est issu de l’ancien français « olme », lui-même issu du latin « ulmus » et « lemos » en Gaulois.
On retrouve son nom gaulois « lemos » dans les noms de plusieurs localités : Limoux, Limeil ou limènie.
Ce n’est qu’à partir du règne de François Ier que naquit l’usage de planter des ormes sur les promenades des villes. Souvent appelés « mails » parce qu’on y jouait au mail (croquet) avec des maillets et des boules de buis.
Henri IV voulut, lui, border d’ormes toutes les routes du royaume ; Sully encouragea ces plantations.
Pour les Grecs et les Romains, l’orme était l’arbre d’Oneiros, fils de la nuit et Dieu des songes ou de Morphée, Dieu du sommeil et des rêves, fils d’Hypnos le sommeil, lui-même frère de Thanatos, le trépas. Mort, sommeil et rêves sont donc étroitement liés à l’orme. Il était sacré et on lui reconnaissait des pouvoirs oraculaires.
Dans la France médiévale, il devint « arbre tutélaire » ou « arbre de justice ». Sous son ombre, le seigneur ou les juges, mandatés par lui, rendaient la justice. Les sentences judiciaires étaient censées être inspirées par la divinité. On appelait « juges de dessous l’orme » les magistrats villageois qui n’avaient point de tribunal, mais siégeaient sous cet arbre devant la porte de manoir.
Les armoiries de la ville de Vienne représentent un Orme.
Utilisations
Le bois est lourd, dur, résistant, élastique et souple, difficile à fendre, facile à polir mais finition difficile, facile à teindre et à travailler (il se prête mal à l’usinage). De couleur brun jaune, le bois et notamment ses loupes (à dessin très chargé brun foncé) sont très recherchées pour le placage. Le séchage est relativement facile mais délicat car il a tendance à se déformer et se collapser.
Autres usages :
– autrefois : fourrage pour bétail, charrette, charronnage (rayon de roue), jante, poulie, moyeu, pièces de bateaux et de machines, pilotis (se conserve bien dans l’eau), support de vignes, jougs, nattes et cordes (écorce), traverses de chemin de fer. Le bois de l’ormeau est d’excellente qualité et, depuis les Romains, on en fait des tuteurs pour la vigne, des charrettes. Résistant à l’eau, on en fit des pilotis pour supporter Venise et Amsterdam.
– actuellement : on recherche la loupe de l’orme pour les coffrets, les cadres, les tables de jeux, panneaux décoratifs, l’ébénisterie, la décoration , les parquets (marqueterie), les escaliers (bois idéal car il ne fait pas d’échardes), jouets, manches d’outils, lutherie, pipes de luxe (bien veinées) et la sculpture, tournage, charronnage, industrie du meuble, construction navale et hydraulique, matériel de jardin et agricole, localement en charpente.
– usages particuliers : très bon bois de feu, utilisé en ornementation et pour les haies champêtres.
Usages médicinaux
La feuille peut produire un onguent contre les hémorroïdes, en décoction contre les inflammations cutanées. La sève des branches sert de lotion contre la calvitie et le cambium donne une teinture homéopathique astringente. Dans l’Antiquité, les feuilles, l’écorce et les rameaux s’utilisaient pour coaguler et fermer les blessures.
Toutes sortes d’affections cutanées étaient soignées dans l’Antiquité avec l’orme : plaies, brûlures, abcès et même la lèpre grâce à des pansements faits avec les fibres intérieures de l’écorce.
Par la suite, il a continué à être utilisé par les guérisseurs et les médecins eux-mêmes. On utilisait même « l’eau d’orme », liquide doux et visqueux (contenu dans les galles vésiculeuses, fréquentes chez l’orme), à soigner les maux d’yeux, pour nettoyer les plaies et comme lotion pour redonner de l’éclat à la peau du visage.
De ces divers usages disparus, seule l’écorce est encore utilisée en phytothérapie et homéopathie, donnant une teinture astringente lors d’éruptions cutanées ou d’ulcères.
L’écorce est stimulante, astringente, sudorifique, diurétique, résolutive, émolliente, vulnéraire ; la teinture-mère est usitée contre les contusions, l’eczéma, le psoriasis.
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