L’érable (Acéracées)
Il existe plus de 100 espèces (arbres ou arbustes à feuilles persistantes ou non).
On peut différencier les érables par la disposition angulaire des ailes :
o Érable champêtre (Acer campestre) : angle à 180°
o Érable plane (Acer platanoïdes) : angle à de 90° à 180°
o Érable sycomore ou blanc ou de montagne (Acer pseudoplatanus) angle droit 90° dans les zones montagneuses de toute l’Europe jusqu’à 1500 m
o Érable à feuilles d’aubier (Acer crataegifolium) angle ‹ 90°
o Érable de Montpellier angle 0° ailes très rapprochées
o Érable à sucre (Acer saccharum)
o Érable noir (Acer nigrum)
o Érable du Japon (Acer palmatum ou Acer japonicum) angle > 90°
Floraison
– Avril à mai, avant la feuillaison. Les fleurs sont jaune-verdâtre.
Pollinisation entomophile et la dispersion des graines est anémophile (ces graines sont équipées d’ailes permettant leurs disséminations, c’est une espèce qui se disperse facilement dans l’environnement, le vent peut les disperser 4 km à la ronde d’un pied).
Fructification
– Fruit : doubles samares, aux ailes dans le prolongement l’une de l’autre. Les fruits appelés samares (comme chez le frêne et l’orme) ont deux ailes. Ces fruits sont aussi appelés pince-nez ou hélicoptères que beaucoup d’enfants ont fait voler.
Taille de 10 à 15 m pour l’érable champêtre à feuilles caduques, l’érable sycomore atteint une dizaine de mètres en 20 ans, il peut atteindre 40 m à l’âge de 60 ans et peut vivre jusqu’à 500 ans (à Truns dans les Grisons aurait « vécu » un érable du XIVe siècle au XIXe siècle.).
Il aime les hautes altitudes, même s’il souffre du vent, de la neige et du dégel plus que les autres essences acclimatées. Isolé, il étendra ses racines en profondeur. Son tronc se dédouble parfois affaiblissant sa résistance au vent, ses branches partent un peu dans les sens.
Les feuilles opposées à 5 lobes sont parfois bordées de longues dents. Ressemblant à une main grande ouverte, les dents figurant les ongles qui lui ont valu le surnom de « main coupée ».
Multiplication
Rejet de souche, semis et par marcottage aisé.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
Le nom latin de l’érable « Acer » signifie « pointu » (les érables servaient à la fabrication des lances dans l’Antiquité) représentant le pointu des feuilles de centaines d’espèces d’érables, viendrait aussi de « acerbulus » (transposition du latin du VI et VIIe siècles) composé de « acer » et « abolo » désignant le sorbier et le pommier.
« Campestre » signale que cette espèce est commune dans les campagnes, ce qui n’est pas une caractéristique de cette seule espèce. Faut-il y voir davantage une allusion aux usages que lui réservaient les paysans qui, de ce fait, épargnaient volontiers ce petit arbre utile ?
Dans la mythologie grecque, l’érable est l’arbre de Phobos, le dieu de l’épouvante. Cette attribution vient sans doute de la couleur rouge-sang des feuilles de l’érable sycomore à l’automne. Aussi, les Grecs et les Romains lui préférèrent de beaucoup le platane, dont le feuillage n’avait pas cette teinte sinistre.
Ce caractère funeste de l’érable fait qu’il est rarement mentionné dans les textes anciens. Il se reflète encore dans les folklores européens où la peur s’est en quelque sorte retournée ; ce ne sont plus les hommes qu’elle atteint, mais ce qui pour eux est l’objet de crainte : les chauve-souris, par exemple.
En Alsace et en Allemagne, les cigognes, dit-on, plaçaient des rameaux d’érable dans leurs nids, afin d’écarter les chauve-souris, car ces petits mammifères volants faisaient avorter leurs œufs, rien qu’en les touchant. Nous avons donc affaire ici à des cigognes botanistes qui connaissent la mythologie sur le bout des pattes.
Les allemands l’appellent l’arbre à têtes d’ange (Engelköpfchenbaum).
Utilisations
Les graines écossées, trempées et rôties sont comestibles. Ainsi, autrefois les Amérindiens faisaient de la farine avec le cambium.
Autres usages :
– Ébénisterie, objets de luxe, petits meubles, manches d’outils, charronnage, lutherie, jouets, bois tourné – Le bois noueux des racines était utilisé pour la fabrication de tabatière et de pipes.
– Le plus connu est sans doute l’érable à sucre (Acer saccharum). ). Cette espèce d’Amérique du Nord et du Canada est exploitée pour cet usage. La vente du sirop d’érable rapporte au Canada 50 millions de francs français chaque année. La sève de l’Erable sycomore contient environ 5 % de ce sucre. La sève des Erables contient un sucre cristallisable (saccharose). Sa sève bouillie, réduite et transformée donne le sirop d’érable. Celle-ci, recueillie au début du printemps, avant que les bourgeons n’éclosent, peut se boire fraîche ; fermentée elle donne un vinaigre doux.
– Excellent combustible, dégageant beaucoup de chaleur.
– Traditions populaires Les appellations Bois de poules, Bois chaud font allusion ^^ à l’usage fréquent des rameaux d’Erable champêtre comme perchoirs pour les poules. Souvent, en effet, les rameaux sont garnis de fortes crêtes en liège, offrant une isolation très efficace.
Maladies
Oïdium de la feuille d’érable :
Les feuilles et les pousses sont recouvertes par un enduit blanchâtre ; cette maladie est provoquée par un champignon (Uncinula circinata) particulièrement nuisible à l’Erable champêtre. On observe souvent, à la face inférieure des feuilles, des galles provoquées par des piqûres d’insectes ou d’acariens.
Croûte noire des feuilles d’érable :
Taches noires (±12 mm de diamètre), entourées de jaune, apparaissant sur les feuilles au milieu de l’été. Cette maladie est provoquée par un champignon (Rhytisma acerinum) qui attaque, principalement, l’Erable sycomore. Ces maladies n’affectent que faiblement les arbres.
La maladie du pourridié :
L’Armillaire couleur de miel (Armillaria mellea), encore appelée Pourridié se développe à la base du tronc ou de la souche. C’est un parasite redoutable émettant de longs filaments noirâtres (rhizomorphes) proliférant sous l’écorce des arbres et dans le sol, où ils assurent la propagation du champignon. Cette contamination par les racines au départ d’un premier arbre parasité et se propageant selon un cercle qui s’agrandit d’année en année est également une des formes de la maladie du rond. La maladie du pourridié ou pourriture blanche, allusion à la couleur blanchâtre du manchon de mycélium (partie parasitaire qui, prélevant la sève élaborée et l’eau de l’arbre le tue par défaut de nourriture), a généralement raison de l’arbre
Remarques
La couleur des feuilles en automne constitue une attraction touristique dans l’Est du Canada et en Nouvelle-Angleterre (Etats-Unis). La feuille de l’érable à sucre (Acer saccharum) orne le drapeau du Canada.
La feuille d’Erable a été choisie comme emblème du Canada, bien que cette espèce (Acer saccharum) ne soit pas dominante dans ce pays. Elle est beaucoup plus présente dans la région des Appalaches.
Dans certains livres concernant l’Egypte, il est question parfois de sycomore qui est en fait un figuier égyptien (Ficus sycomorus), ayant une vague ressemblance du feuillage avec l’érable du même nom. Cet érable sycomore s’appelait aussi érable blanc ou asarot ; son nom latin : « Acer pseudoplatanus » l’assimile à un faux platane.
Pour compliquer le tout, il est à noter que le platane commun (Platanacées) s’appelle botaniquement : « Platanus x acerfolia », c’est-à-dire à feuilles d’érable ; de plus l’érable plane s’appelle « Acer platinoïdes ».
- Érable sycomore ou blanc (Acer pseudoplatanus)
Son feuillage est dense et arrête le vent. C’est une espèce invasive tendant à coloniser (favorisé par ces graines en forme d’hélice aérodynamiques qui, aidées par le vent, couvrent de grandes distances) en éliminant toute autre pousse de végétation aux alentours et à une grande capacité à se régénérer. Il a la particularité de participer d’une façon importante dans la chaîne alimentaire, car sa sève est très appréciée des pucerons qui infestent les arbres devenant dès lors la proie facile de nombreux oiseaux qui s’en délectent et même d’un mammifère rare : le loir. Hormis cet aspect écologique, il présente peu d’intérêt pour la faune sauvage. Sa pollinisation se fait par les insectes plutôt que par le vent.
Son épaisse couche de litière est lente à se décomposer. Les nervures de ces feuilles principales sont au nombre de cinq et partent de la base en étoile. Ses bourgeons, ovoïdes et pointus, ont des écailles vertes bordées de brun et qui ne sont pas poilues. Il ne fleurit que vers 20 à 25 ans. L’aspect ondé du bois est très recherché pour la lutherie (dos, éclisses et manche de violon) et l’ébénisterie. L’onde est une déformation du bois, on parle ici de sycomore « ondé ». Les luthiers ont retenu l’érable pour la particularité de son bois ondé, où l’alternance de lignes claires et sombres donne un effet esthétique très particulier et un fini légèrement onduleux au toucher. Ce n’est pas la seule qualité de ce bois. En effet, à la manière d’une tôle ondulée, dont les ondes rigidifient la plaque dans le sens des ondulations, les ondes du bois rigidifient la voûte de l’instrument dans sa largeur. Ce sont alors autant de lignes de force de la transmission sonore qui donnent au violon une grande partie de ses qualités acoustiques.
Utilisations
Le bois du sycomore (ou de montagne) à grain très fin est très esthétique (l’aspect onde du bois est très apprécié), il est homogène et dur de couleur blanc nacré, brillant, ou jaune très clair avec quelques traînées et moyennement nerveux, il peut être teinté pour imiter le noyer et l’ébène. On le décolore pour le rendre encore plus blanc. Ce bois sèche lentement, l’usinage le déforme parfois.
Cette couleur blanc perdurera s’il est débité immédiatement et conservé la tête en bas.
Les Celtes disaient d’ailleurs : « Passagère est la neige d’avril comme la blancheur de l’érable ». Ils en extrayaient la sève qui ,légèrement sucrée, était réputée pour refroidir les tempéraments trop fougueux, le thé des feuilles cet érable avait la propriété de pacifiant.
On l’utilise en ébénisterie (placages) pour son bois très clair, pour fabriquer des intérieurs de meubles (côtés et derrières de tiroirs, tablettes intérieures), en marqueterie, en tournerie, en lutherie.
- Érable champêtre (Acer campestre)
C’est un arbre de sous étage. Il a une écorce très liégeuse. Certains de ses rameaux peuvent aussi avoir des crêtes liégeuses (excroissances de liège).
- Érables d’Amérique : à sucre (Acer saccharum), noir (Acer nigrum)
Il aime les sols fertiles, secs, sablonneux et profonds ; il tolère l’ombre et a une croissance rapide. La litière, déposée chaque année, se décompose en un humus riche propice à d’autres pousses végétales. Son réseau racinaire est développé et dense s’étalant près de la surface du sol, des racines plus profondes puisent l’humidité dont l’arbre a besoin.
Son feuillage adopte des couleurs magnifiques à l’automne devenant plus vives plus on monte vers le nord devenu un grand attrait touristique de ces régions. Ces couleurs automnales, très appréciées, sont variables suivant le climat qu’il fait.
C’est l’arbre réputé pour la production de sève qui bouillie donne le sirop d’érable. Cette sève provient de la transformation de l’amidon contenu dans le tronc et les racines qui est transformé en sucres (riche en glucides) pour alimenter les bourgeons en pleine croissance. La récolte doit se faire avant l’éclosion des bourgeons, après incision du tronc, qui est sans dommage pour l’arbre produisant 40 à 80 l de sève (40 l de sève donnent 1 l de sirop) avec une moyenne quotidienne de 12 l qui dure 4 à 8 semaines au printemps. Un arbre peut donner de la sève pendant 100 ans, cette production provient pour les ¾ de la province de Québec au Canada. Plus l’hiver est rigoureux plus la récolte de sève sera abondante. Le sirop d’érable et autres dérivés sont très prisés des touristes.
Utilisations :
Leurs bois est dur à mi-dur, dense, jaune, brun clair, assez souple et résistant à l’effort.
Ces érables donnent parfois des bois figurés ( érable moucheté, érable à bois ondé en dos de violon), ces bois déroulés produisent des placages décoratifs d’érable moucheté ou ondé).
Il sèche assez facilement à température modérée.
Les amérindiens comme les pionniers avaient déjà compris l’utilisation que l’on pouvait faire de cette sève. Par contre parfois la sève n’était pas bouillie mais stockée dans un seau au froid dehors que l’on débarrassait le lendemain matin de la pellicule d’eau glacée. Restait le sirop. Les colons l’utilisait comme substitution du sucre de canne. Il est devenu peu à peu un produit de luxe et touristique.
Ce bois est très utilisé aux États-Unis et Canada pour les parquets du fait de sa résistance à l’usure, comme bois d’agencement, de décoration et même pour le contre plaqué, pour les pistes de bowling, les boules billard, les battes de base-ball, les skateboards, les arcs et les archets de violons et violoncelles.
- Érable du Japon (Acer palmatum ou Acer japonicum)
C’est un arbre qui peut atteindre 12 à 15 m et atteignant parfois 300 ans, il a une croissance lente et est souvent greffé, au port étagé et les branches zigzagant. C’est une essence d’ombre s’accommodant du couvert d’autres essences craignant le vent, le soleil et la pleine lumière qui parfois ont raison de son feuillage. Il s’accommodera de la pleine lumière sous un climat d’été frais et dans des zones tempérées et fraîches. Sa terre d’origine est le Japon mais on le trouve aussi en Corée et en Chine, dans des forêts tempérées et dans des sous-bois d’altitude entre 900 et 1800 m secs et ensoleillés. Il est surtout connu par les collectionneurs et les jardiniers où il est largement implanté dans les parcs et jardins européens. Arbre populaire par les couleurs automnales qu’arbore son feuillage, une véritable attraction pour les visiteurs et photographes. Mais ces spectaculaires changements de couleurs flamboyantes automnales sont conditionnés par un climat particulier, processus naturel de coloration des feuilles plus délicat en Europe occidentale. Le feuillage reste magnifique du printemps à l’automne avec des feuilles singulières, et souvent différentes sur le même pied, de forme généralement arrondie vert foncé de 7 à 12 lobes, suivant les variétés, d’environ 13 cm de long et de large, ovales ou lancéolés, acuminés, à dents aigües ou peu dentés avec des poils soyeux sur les 2 faces au stade juvénile. Les fleurs sont petites rouge violet munies d’un long pédoncule en grappes pendantes devenant en fruits des ailes en angle > 90° vert ou vert nuancé de rouge de 2,5 cm de long.
C’est un arbre qui a longtemps été cultivé et multiplié par les pépiniéristes japonais. Ce pays restant fermé sur l’étranger pendant une très longue période, ce n’est qu’au XVIIe siècle que cet arbre commença à être importé et connut un grand succès au XXe siècle avec la mode du jardin japonais où il y tient un bonne place.
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