L’aulne (Bétulacées)
o Commun ou glutineux ou noir (Alnus glutinosa) nom local : verne ou vergne
o Blanc ou de montagne (Alnus incana) à feuilles vert-foncé longuement pétiolées pousse sur les versants rocheux
o A feuilles en cœurs ou de Corse (Alnus cordata) à feuilles en forme de cœurs finement dentées, apprécié des paysagistes, il a tendance à bien résister en zone urbaine
o Rouge (Alnus rubra) il a la réputation auprès des forestiers de coloniser les zones de coupe et non apprécié pour cette raison
– Mars à avril. Les fleurs mâles apparues en novembre (chatons jaune-vert qui s’allongent au cours de l’hiver s’ouvrent en février-mars) et les inflorescences femelles se trouvent sur le même rameau chez les deux espèces principales. À maturités donc fécondées, elles deviennent des cônes.
Pollinisation anémophile et dispersion des graines anémophile et aquaphile. Un arbre donne jusqu’à 250 000 graines minuscules de 2 mg (0,002 g) ; celles-ci sont équipées de petits sacs remplis d’air (comme du liège) qui leur permettent de flotter longtemps (12 mois) avant de trouver un terrain propice pour germer. Une autre particularité, par rapport aux autres feuillus lors de la période hivernale, est de montrer tous les signes de la vie : ses chatons, ses strobiles et de gros bourgeons violâtres et gonflés animent les branches minces et les rameaux.
– Fruit : de septembre à octobre (cônes ligneux appelés strobiles à petites graines à aile circulaire). Les fruits appelés strobiles vert puis brun qui sont mûres à l’automne et continuent de pendre aux rameaux tout l’hiver même près avoir libérer leurs graines).
Taille de 20 à 25 m parfois 40 m à feuilles caduques. Sa présence est un précieux indicateur de l’humidité du sol. Il s’accommode des sols pollués et a une tendance pionnière comme le saule et le bouleau. Il drageonne facilement, son système racinaire produisant longtemps de nouveaux pieds. Les bourgeons, les feuilles et les jeunes rameaux de l’aulne commun se recouvrent au printemps d’une substance visqueuse d’où le nom : glutineux (glutinosa). L’écorce de l’aulne est d’abord lisse avec lenticelles puis écaillée.
Multiplication
– Rejet de souche semis et bouturage.
Aire naturelle
– C’est un arbre à croissance rapide, pouvant vivre 200 à 300 ans. C’est un arbre de rivage, de bords de l’eau, de lieux humides, d’ailleurs ses racines servent à consolider les berges des cours d’eau. Mais on peut le trouver en isolé dans les prairies marécageuses. Il s’associe souvent en peuplement, très dense et marécageux, avec le saule et surtout le frêne constituant une aulnaie-frênaie. Il devrait être coupé tous les ans afin d’éviter qu’il envahisse les ruisseaux.
– Les racines portent des nodosités (ou tubercules) formées par l’arbre en réaction à une agression de ses racines. En effet, les racines de l’aulne abritent des frankias qui sont des organismes microscopiques (en fait des colonies de bactéries ayant l’aspect de champignons microscopiques Actinomycètes) qui pénètrent dans les racines aux endroits des blessures. L’arbre réagit en fabriquant des cellules qui se rassemblent en nodules. Ces amas de nouvelles cellules et de frankias fixe l’azote atmosphérique dans le sol enrichissant celui-ci devenant un engrais précieux pour l’aulne et les végétaux poussant à proximité. Cette symbiose est comparable à celle des légumineuses. Cette espèce est très utile pour la fixation des berges. Les Aulnes sont donc d’excellents fixateurs d’azote par leurs racines qui présentent des nodosités importantes parfois grosses comme une prune fixant jusqu’à 200 kg d’azote par hectare. L’assainissement des zones humides en vue d’autres plantations est grandement facilité par une plantation transitoire d’Aulnes (spécialement Alnus glutinosa) dont l’évaporation est intense.
– Les rameaux portant les bourgeons comportent des lenticelles formant des aspérités colorées, certains bourgeons sont pédonculés, visqueux et violets.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
Son nom fut d’abord d’origine germanique, puis venu ensuite du latin : Alnus. L’origine est peut-être aussi celtique « Lan » signifiant « proche des eaux courantes ». « Glutinosa » signifie « collant, à rapprocher de la glu » qui spécifie une caractéristique des bourgeons et des jeunes feuilles.
Aulne est en français un mot relativement récent, l’arbre s’appelait auparavant verne ou vergne. Verne est un mot d’origine celtique.
Dans les différents noms de l’aulne apparaissent les noms de très nombreuses localités
– Alnus a donné : Aulnay, Aulnoy, Lannoy, Launay.
– Verna ou vermos (en gaulois) : La Verne, La Vergne, Vern, Vers, Verneuil.
– Guern (en breton) : Guer, Guerné, Guernué.
L’Antiquité grecque identifia Phoronée, fils du Dieu Inachos et de Mélia, avec l’aulne sacré. Phoronée gouvernait tout le Péloponnèse et régnait à Argos qu’il avait fondé, où son culte lui survécut longtemps. Sa sœur Io, prêtresse d’Héra, fut aimée de Zeus, mais fut métamorphosée en génisse par la déesse jalouse et fut condamnée à parcourir le monde. La propre fille de Phoronée, Niobé séduite elle aussi, fut transformée en pierre. Les fils de Phoronée furent comme leur père des fondateurs de villes. Ce héros civilisateur, lié par les femmes de sa famille à Zeus et à Héra, n’apparaît plus qu’au travers d’une légende que son ancienneté même rend confuse. Son nom demeure mystérieux, mais il est probable qu’il existait un culte de l’aulne en Grèce, qui a survécu à Argos, mais dont on retrouve la trace dans toute l’Europe celtique, par exemple en Irlande, où l’abattage d’un aulne sacré était puni de la destruction par le feu de la maison du coupable.
Toujours est-il que l’aulne fut considéré dès la plus haute Antiquité, comme un arbre de la vie après la mort.
Arbre des eaux dormantes et donc traîtresses, l’Aulne sera un arbre maléfique pour les Allemands (lire Erlköning-Le Roi des Aulnes de Goethe ; écouter le lied de Schubert).
Les Celtes choisirent l’Aulne pour symbole du 4e mois de leur calendrier lunaire (du 18 mars au 14 avril), mois de l’équinoxe de printemps (voir Betula : Calendrier des arbres).
L’Aulne est l’arbre de vie après la longue dormance de l’hiver. Les chatons pollinisent très tôt (février pour Alnus incana).
Ce culte de l’Aulne sacré se retrouve d’ailleurs dans l’Odyssée d’Homère où il symbolise la résurrection.
Utilisations
Son bois est homogène, léger, tendre, facile à travailler, à creuser, pourrissant vite en contact avec le sol mais imputrescible dans l’eau ou dans un sol saturé d’eau (d’où son utilisation comme piliers de fondation : voir plus bas).
Le tanin contenu dans l’écorce et dans les fleurs permet de rendre les peaux de bêtes imputrescibles.
Une fois abattu, l’arbre (la coupe) prend une couleur rouge (jadis, les gens pensaient que l’arbre saignait car il abritait l’esprit malin, celui du roi des aulnes immortalisé par Goethe) puis prenait une couleur orangée intense par la suite. Ce bois fournit de nombreuses teintures : l’écorce teint en rouge la laine, le bois neuf donne du rose, les chatons du vert et les jeunes pousses produisent un gris-jaunâtre utilisé en tapisserie virant jusqu’à une couleur cannelle.
Son bois est utilisé en menuiserie et papeterie, les rameaux verts évidés servaient à faire des sifflets.
Le bois de l’aulne donne une flamme vive presque sans fumée, son charbon de bois fournit plus de chaleur que tout autre espèce, de plus ses cendres contiennent de la potasse.
L’Alnus rubra, originaire d’Amérique du Nord, servait aux Indiens d’Alaska à faire leurs canots en creusant son tronc. Aujourd’hui, on en fait des meubles et du papier. Arbre de 10-12 m.
Autres usages :
– Autrefois : saboterie, imitation de bois exotiques par son aptitude à absorber régulièrement les colorants, vu son imputrescibilité, il était utilisé pour fabriquer des drains, des tuyaux et des pilotis (Venise est en grande partie bâtie sur des pilotis d’Aulnes et d’Ormes ainsi que Ravenne tout comme Amsterdam). De l’écorce et des jeunes pousses, on extrayait un pigment jaune, qui mélangé avec du cuivre, donnait une couleur jaune grisâtre, prisé des tapissiers. D’ailleurs d’autres combinaisons avec d’autres métaux pourvoyaient l’industrie de pigments et encres variés. On l’utilisait également pour fabriquer des brosses à laver, des bols, des sabots, des parois pour les premières machines à lessiver et des portes d’écluses.
– Actuellement : pâte à papier, panneaux de fibres et de particules, caisserie, déroulage pour contre-plaqué, tournerie, sculpture et pour des meubles imitant les bois précieux.
– Usages particuliers : ses rameaux et ses feuilles attirent les puces et autres parasites des hommes et des bêtes. Une aspersion de décoction de feuilles peut préserver les bovidés et les équidés des agaceries et piqûres des Diptères.
– Au Moyen Age, les chapeliers utilisaient une macération d’écorce d’Aulne et de limaille de fer pour teinter les feutres en noir. Cette préparation pouvait également servir d’encre.
– Écarter les mulots et les taupes relevait de la même croyance. Il suffisait de planter un rameau d’aulne aux coins du champ le Vendredi Saint.
Usages médicinaux
– En cataplasme, les feuilles soulagent douleurs et enflures. Infusées, elles donnent un bain de pied rafraîchissant.
– Les feuilles : sudorifiques, fébrifuges, vermifuges et diurétiques.
– L’écorce : fébrifuge, tonique, astringente et détersive.
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