Le sureau noir (Sambuscus nigra – Caprifoliacées)
Floraison :
– Juin à juillet. Les fleurs, blanc-crème, en corymbes étoilés au début de l’été sont très odoriférantes.
– Mellifère
– Les fleurs récoltées le matin et par beau temps sont les plus parfumées.
Pollinisation entomophile, la dispersion des graines est faite par les animaux (surtout par les oiseaux).
Fructification :
– Août à septembre
– Fruit : petite drupe noire globuleuse. Les fruits sont des baies, devenues noires à l’automne, sont comestibles. . Les oiseaux sont très friands de ses baies vitaminées, de quoi faire des réserves avant la migration. Le système digestif des oiseaux n’assimile que la pulpe des fruits, les graines rejetées permettent leurs disséminations. Les oiseaux sont insensibles à la sambunigrine, substance toxique présente dans les baies crues qui peut donner des maux de ventre, vomissements et diarrhée. Bien mûres, elles sont plus digestes et ont meilleur goût. La cuisson détruit la substance toxique.
Taille de 1 à 10 m à feuilles caduques. C’est un arbre buissonnant dont le bois et les feuilles dégagent une odeur forte
forte voire nauséabonde. De son pied part un enchevêtrement de branches courbées dans tous les sens, sans orientation de sa ramure. Un jeune arbuste atteint 1 m de haut et de large doublant la deuxième année. On croise des arbustes de 2 à 5 m, exceptionnellement 10 m. Le froid stimule la croissance de nouvelles branches à partir du pied de l’arbuste. Après 20 ou 30 ans, cette croissance basale s’arrête, le sureau noir développe un tronc unique.
Les branches de l’année ont la peu lisse, le tronc prend des rides avec l’âge, l’écorce des pieds de plus de 5 ans est profondément sillonnée et souvent colonisée par des mousses étoilées, du lichen vert pâle ou jaune vif (ainsi le lichen Xanthoria parietina qui doit sa couleur à la pariétine, un pigment jaune qui en protège le système photosynthétique contre les rayons UV).
Sur cette écorce, il peut s’y trouver un champignon brun gélatineux, l’oreille de Judas* qui pousse également sur d’autres feuillus.
Multiplication :
– Rejet de souche, par semis et bouturage.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie :
Localement, on l’appelle le hautbois ou parfois l’arbre aux fées. Son nom vient du latin « Sambucus » ou vient du grec « sambûcke » qui signifie flûte ou une harpe triangulaire.
La racine latine a évolué pour donner « seü » en langue d’oïl, dérivé de l’adjectif « seür » signifiant acide. Le terme « suraut » est apparu au XIVe siècle. Le portugais et l’italien sont restés les plus proches du latin avec « sambuca » et « sambuco negro ».
« Nigra » : ou niger signifie en latin qui a la peau noire, allusion à la couleur noire des fruits. Sureau tire son origine de l’ancien français seu, seùr (fin du XXIe s.), qui rappelle sûr, adjectif relatif à l’acidité des fruits, ensuite suraut (1360) et enfin sureau (1530).
Peut-être à cause de ses baies noires ou parce qu’il est l’un des derniers à perdre ses feuilles, le sureau symbolisait la mort, le passage vers l’autre monde. Les ombelles blanches du printemps incarnaient les esprits des défunts. C’est au son de flûtes taillées dans du bois de sureau que les druides communiquaient avec l’au-delà. Arbre de la mort, arbre de la vie, le sureau servait de refuge aux divinités maternelles et protectrices.
Le sureau représentant le treizième mois lunaire (période allant approximativement du 28 novembre au 24 décembre) dans le calendrier lunaire des arbres d’où peut-être le maléfice sur le chiffre 13. Il n’en fallait pas plus pour que le sureau devienne maléfique.
Une croyance paysanne mentionne même que Judas se serait pendu à une branche de sureau, on dit même que les baies sont immangeables telles que depuis cet événement. Blanc au printemps, noir en été, cet arbre ose se parer à la fois des attributs du Bien et du Mal.
Au Moyen Age, le sureau noir est devenu l’instrument des puissances occultes. La flûte enchantée des druides s’est transformée en bâton de sorcier. Avec on jetait des sorts ou ensorcelait le bétail. Si on s’endormait sous l’arbre maudit on risquait de ne plus jamais se réveiller.
Dans de nombreux pays, le Sureau a engendré diverses croyances :
– En Haute Bretagne, il protégeait des maléfices et éloignait les serpents. On le plantait près des maisons. Au XVIIe siècle, les sorciers craignaient d’être battus avec un bâton de sureau.
– Dans l’Est et le nord de l’Europe, il a gardé ses vertus protectrices.
– En Grande-Bretagne, brûler du sureau faisait venir le diable, un bébé couché dans un berceau en bois de sureau serait pincé par les fées.
– En Russie, il chassait les mauvais sorts et repoussait les mauvais esprits.
– En Autriche, on pose au printemps des croix de sureau sur les tombes. Si elles fleurissent, c’est signe que les âmes ont rejoint le paradis.
– Au Danemark, il protège les habitations, en Suède, il est bénéfique pour les femmes enceintes qui viennent l’embrasser.
– En Scandinavie, le sureau est le serviteur de Thunar, dieu du tonnerre, on implore sa protection contre la foudre.
Ailleurs, il est utilisé par les sorciers et autres jeteurs de sorts. Dans certaines contrées de France, on dit que si l’on frappe une vache avec un rameau de cet arbre, elle ne donne plus de lait ou meurt. Ces aspects magiques du sureau sont, peut-être, dus à son odeur nauséabonde…
Vous pensez que l’on vous a jeté un sort, pendez votre veste à un portemanteau et frappez-la avec une branche de sureau. Les coups atteindront le dos et les fesses de votre ensorceleur.
Utilisations :
Son bois est assez homogène, moyennement dense et dur, il est utilisé pour la fabrication d’instruments de musique.
La coutume veut que l’on cueille les fleurs de sureau à midi le 24 juin (fête de la St Jean), les fleurs auraient alors engrangé le maximum de lumière et seraient exemptes de toute influence diabolique.
Les baies servent à faire une excellente confiture, du sirop et de la teinture. On en fait aussi une imitation du porto. Les fleurs sont utilisées pour aromatiser les beignets, l’on peut en faire également de la sauce, du coulis, du jus et de la tarte.
Sirop de fleurs de Sureau :
– 15 corymbes de fleurs fraîches de Sureau (non-humides).
– 750 g de sucre 1 l d’eau 25 g de cristaux d’acide citrique le jus d’un citron.
– Chauffez l’eau et le sucre jusqu’à ébullition tout en remuant. Retirez du feu et ajoutez le jus de citron et les cristaux d’acide citrique. Versez sur les fleurs, couvrez et laissez infuser au frais pendant± 5 jours. Filtrez convenablement et mettez en bouteilles.
On peut en faire également du chutney, du clafoutis, du vin et de la limonade.
En faisant macérer pendant 15 jours 10 g de fleurs sèches de sureau dans 1 litre de vinaigre de bonne qualité, on obtient le vinaigre surard ou surat qui semble de meilleure qualité que le vinaigre ordinaire. Il peut être utilisé comme condiment, remède, et même comme eau de toilette …
Des pommes conservées dans une boîte hermétique sur un lit de fleurs de sureau séchées se conservent plus longtemps et prennent un petit goût d’ananas.
Autres usages :
La feuille est insectifuge (pulvérisation d’une décoction). Leur voisinage favorise la maturation des composts (présence de nombreux lombrics due à l’excellence de son humus).
Les feuilles fraîches macérées une semaine donne un purin répulsif aux rongeurs.
Les enfants des campagnes fabriquent des sarbacanes après avoir retiré la moelle des rameaux.
*Sur l’écorce du sureau pousse l’oreille de Judas principalement en hiver et au printemps. Bien que fade, ce champignon est apprécié pour sa texture dans la cuisine chinoise. Consommer à l’excès, il peut provoquer le syndrome de Sichuan (saignements sous-cutanés).
Usages médicinaux :
Les fleurs à l’arôme de muscat sont un condiment. On en fait des boissons alcoolisées, des lotions pour les yeux, la peau, le rasage. Elles combattent aussi les refroidissements, les rhumes de foins les maux de gorge et l’arthrite. Une étude menée en Norvège en l’an 2000 a prouvé que l’extrait de sureau pris 4 fois par jour par des personnes grippées a permis une guérison plus rapide de 4 jours.
L’infusion des feuilles est insecticide
Le sureau donne des teintures vertes, violettes ou noires.
En médecine chinoise, les feuilles, les tiges et les racines combattent les fractures et les spasmes musculaires.
L’écorce interne ou seconde écorce (pellicule verte située sous l’écorce externe liégeuse) est diurétique, laxative, contient de la sambunigrine dont les propriétés, à doses médicinales, seraient analgésiques et sédatives La teinture-mère (pharmacie) est analgésique, sédative.
Les feuilles ont les mêmes propriétés que l’écorce.
Les fleurs fraîches possèdent les mêmes propriétés que les feuilles et l’écorce, mais atténuées. Sèches, elles sont sudorifiques (en infusion), émollientes, adoucissantes, résolutives (en infusion et usage externe).
Les fruits sont laxatifs, diurétiques, sudorifiques et analgésiques.
Les feuilles frites dans du beurre ou broyées avec du miel sont souveraines contre la constipation.
La décoction de feuilles dans du petit-lait allongé de miel est diurétique et efficace contre les rhumatismes.
Une feuille de sureau pliée et écrasée entre les doigts appliquée sur l’hémorragie arrête les saignements de nez, les feuilles séchées auraient le même effet. En cataplasme, les feuilles soulagent contusions et maux de dents.
Une compresse d’infusion de fleurs de sureau et de fleurs de camomille appliquée sur les paupières soulage en cas de conjonctivite.
Les fleurs s’utilisent aussi en inhalation. Pour vous remettre d’un mal de gorge.
En conclusion, le sureau est une « véritable pharmacie de campagne ».
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