Le ginkgo biloba ou arbre aux 40 écus (Ginkgoacées)
– Ce véritable arbre fossile, ancêtre des arbres, parfois classé dans les conifères peut être considéré comme un fossile vivant. Seul survivant d’un groupe de plantes plus primitives que les conifères qui s’étaient développés à une période glaciaire grâce à leur résistance au froid. Pour 500 espèces alors existantes, une seule existe encore de nos jours.
– Ainsi le ginkgo remonterait à –200 millions d’années (période du Permotrias). Originaire de Chine (des dendrologues chinois ont découvert, en 2008, des ginkgos sauvages dans la vallée du Yang-Tsé après prélèvements d’ADN pour le comparer aux cultivars actuels) et Japon où il fut exporté, il est connu pour être de grande résistance au feu, à la pollution notamment et d’une grande longévité. Il a survécu à la dérive des continents, à la formation des chaînes de montagnes, aux périodes glaciaires. Il pousse encore à l’état sauvage dans des coins reculés de Chine orientale (site de Tian Mu Shan région de Hangzhou). L’espèce que nous connaissons aujourd’hui a traversé 150 millions d’années sans subir aucune modification. Aujourd’hui la plupart des plants sont issus de bouturage et sont des pieds mâles.
– En fait il se reproduit presque comme une fougère et il existe deux arbres :
o Un arbre femelle qui produit des ovules tombant à l’automne donnant une très mauvaise odeur de rance
o Un arbre mâle qui produit le pollen qui est le pied choisi pour le bouturage évitant ainsi les problèmes d’odeur du pied femelle dans les parcs publics.
– Chaque arbre produit beaucoup d’ovules et de pollen. La reproduction se produit par mélange des ovules pourris et du pollen au sol aidé du piétinement des animaux ou des hommes. C’est une reproduction très aléatoire et peu prolifique, mais peu aussi se faire sur l’arbre lui-même. Les ginkgos n’ont jamais d’organes sexuels fonctionnels avant l’âge de 30 ans.
– Ses feuilles prennent une superbe couleur dorée à l’automne.
Histoire
– Cet arbre très primitif a survécu grâce à l’homme. Dès le Xe siècle, les prêtres bouddhistes le plantaient dans les jardins de leurs monastères. Il fut introduit ensuite au Japon par des prêtres où l’Allemand Engelbert Käempfer (1651-1716) le découvre à Nagasaki en 1691. En 1727, le gingko apparaît en Hollande au jardin botanique d’Utrecht devenant ainsi le plus vieux spécimen en dehors de l’Asie, au Kew Garden de Londres en 1754 et à Vienne en 1768. En 1780, de Périgny achète aux Anglais un pied qu’il planta dans sa propriété de Montpellier. Ce dernier fut payé 40 écus, somme rondelette à l’époque qui lui valu d’être appelé en France l’arbre aux 40 écus. En 1784, il est importé en Amérique du Nord où il prospéra. À l’époque le seul pied femelle se trouvait à Genève (1814). Cet arbre dans ces pays était considéré comme une curiosité botanique. Après avoir survécu à tous les bouleversements climatiques de l’ère secondaire, c’est encore lui qui résiste le mieux au dioxyde de carbone émanant des pollutions automobiles, les parasites et les maladies n’ont de prise sur lui. Sur la 5e Avenue à New-York, il a été planté pour ces raisons. Au XXe siècle, il est implanté le long de beaucoup de rues.
– Arbre fossile, certes, mais qui se révélait hautement décoratif avec son feuillage léger constitué de feuilles à limbes légèrement plissés, séparé en deux par une échancrure médiane. Cet arbre peut atteindre 40 m et à un longévité supérieure à 1 000 ans (un spécimen coréen a dépassé 1 100 ans). C’est un arbre qui pousse vite, son port est généralement droit mais peut prendre des formes à plusieurs troncs, des branches pendantes, des troncs distincts s’entrelaçant, etc.
– En observant une feuille, on constate qu’elle se compose d’aiguilles rapprochées.
– C’est une gymnosperme donc à graine nue (ovule) comme le genévrier, le cyprès et l’if. Contrairement aux humains, l’ovule en botanique se compose d’un gamète + une couche protectrice ( . ). Les angiospermes (les plantes à fleurs majoritairement) possèdent elles des ovaires se composant d’un ovule + une autre couche protectrice donnant le fruit après pollinisation et ensuite la graine (( . )).
– En Europe, le plus belle allée de ginkgos se trouvent à St Sulpice Laurière près de Limoges. Il s’agit d’un cadeau de l’Empereur du Japon, il y a 100 ans, à l’ingénieur français qui lui avait construit une ligne de chemin de fer. Cet ingénieur les a plantés dans cette petite ville.
– Les orientaux ont toujours vénéré cet arbre pressentant sans doute qu’il était le survivant de l’aube des temps. Ainsi il a souvent été cultivé dans tout l’Extrême-Orient autour des temples bouddhistes et des pagodes. Non seulement c’était un arbre sacré, mais il était censé conjurer le feu en écartant l’incendie. En 1923, un temple important entouré de ginkgos fut épargné pendant le gigantesque incendie qui suivit le tremblement de terre qui dévasta Tokyo. On l’explique scientifiquement par sa sève qui se concentre et afflue aux extrémités le protégeant ainsi du feu.
Utilisations
– Comme nous l’avons vu plus haut, les ovules tombés du pied femelle, pourrissent au sol en dégageant une odeur de beurre rance. Cela ne décourage pas les Chinois qui les font griller sous le nom de « fruit d’argent », en chinois Yin-Kuo, d’où le nom de ginkgo. Les ovules à maturité ressemblent à de grosses mirabelles juteuses de 2,5 cm de diamètre. Ce ne sont ni des fruits, ni des graines : c’est un œuf pourvu de réserves alimentaires, et fécondés les embryons ne connaissent aucun stade de repos, car ils poussent immédiatement. À la différence de la graine qui peut attendre des années pour germer, en bloquant net le développement de son embryon.
– C’est pourquoi, on ne vend jamais de « graines » de ginkgo en sachet. La croissance du jeune ginkgo commence dès le moment de la fécondation jusqu’à l’âge adulte. Comme un poussin fécondé dans l’œuf. Aussi, on peut dire que le ginkgo est l’arbre qui pond des œufs, arbre « ovipare ». Peut-on s’y aventurer ?
– Ces « graines » sont consommées grillées par les japonais.
Un autre arbre, moins connu, témoigne également de ce que furent les premiers ovules : le cycas qui ressemble à un petit palmier poussant à l’état sauvage à Madagascar et dans les îles du Pacifique. Un pied mâle et femelle également. Il est largement utilisé sur les avenues des villes de la Côte d’Azur.
Usages médicinaux
– On lui connaît des vertus dans la déficience intellectuelle (capacité cérébrale et d’apprentissage : mémoire) et très utilisé en phlébologie, mais aussi contre l’asthme et la toux et les problèmes respiratoires.
– La SCA “Domaine de Saint Jean d’Illac” exploite de grandes parcelles basées sur deux sites : Saint Jean d’Illac (230 ha) et Captieux (300 ha). Ces immenses champs représentent plus de 11 millions de ginkgos qui poussent sans insecticide ni herbicide (certifié bio), maintenus à l’état d’arbustes pour permettre la mécanisation de cette culture. De grandes quantités (600 tonnes) de feuilles vertes sont ainsi récoltées tous les ans et transformées sur place, puis séchées (mises dans des balles) avant d’être envoyées vers les usines d’extraction situées en Allemagne.
Goethe a écrit un poème sur le ginkgo biloba daté du 15 Septembre 1815
Dieses Baums Blatt, der von Osten
La feuille de cet arbre, que l’Orient
Meinem Garten anvertraut,
A confié à mon jardin,
Giebt geheimen Sinn zu kosten
Donne son sens secret à savourer
Wie’s den Wissenden erbaut.
A celui qui l’élabore.
Ist es ein lebendig Wesen,
Est-ce une créature animée,
Das sich in sich selbst getrennt,
Qui s’est scindée elle-même,
Sind es zwei, die sich erlesen,
Ou bien deux s’étant réunies,
Daß man sie als eines kennt.
Pour ne former qu’un.
Solche Fragen zu erwiedern
Songeant à ces questions
Fand ich wohl den rechten Sinn,
J’ai trouvé la juste réponse,
Fühlst du nicht an meinen Liedern
Ne sens-tu pas en écoutant mon chant
Daß ich eins und doppelt bin.
Que je suis un et deux à la fois.
Laisser un commentaire