Le genévrier (Cupressacées) comme le cyprès ou le thuya
Floraison
– Avril à juin.
– Dioïque. Les fleurs mâles sont jaunes, les fleurs femelles sont petites et vertes situées à l’aisselle des feuilles au printemps. Ces fleurs sont généralement sur deux pieds séparés.
Pollinisation anémophile, la dispersion des graines est faite par les oiseaux.
Fructification
– Fruit : cône globuleux à bractées charnues soudées, de 4 à 8 mm de diamètre, vert-pruineux la 1ère année et bleu noirâtre à maturité (mûrit en 2 ou 3 ans). Le fruit-cône ressemble à une baie d’abord verte puis noire luisant (bleuâtre ou violacée) mettant deux ans à mûrir, charnu, globuleux et indéhiscent (qui ne s’ouvre pas à maturité). Il est constitué par la soudure de ses écailles, donc ce n’est pas une baie au sens botanique ; les puristes appellent cela un galbule pour un cône charnu.
Taille de 0,5 à 5 m (parfois 10 m) à feuilles persistantes. Arbre ou arbuste sempervirens jusqu’à 3000 m d’altitude. Il peut atteindre des âges canoniques et pousse lentement (des troncs pluricentaires peuvent ne mesurer que 20 cm). Il porte des feuilles en aiguilles courtes persistantes et piquantes, verticillées disposées par trois avec bandes blanches sur le dessus. Le genévrier commun se trouve sous des formes variables : rampante, arbustive et parfois arbre. Il résiste à tout, à la sècheresse, au froid peu sensible à la nature des sols et ses aiguilles empêchent le bétail de s’en approcher. En fonction de la rigueur du milieu, il arrête et reprend sa croissance à volonté ; il produit plusieurs cernes par an. Bien difficile dans ces conditions d’en déterminer l’âge.
Fuyant le couvert forestier, il colonise les espaces ouverts, jusqu’aux pelouses subalpines. Il est présent dans l’hémisphère boréal, de l’Amérique du Nord à l’Asie et des pays scandinaves au pourtour méditerranéen. C’est même le seul conifère indigène d’Islande. Sa forme s’adapte aux conditions locales du milieu : fastigiée (caractérisée par des ramifications dressées verticalement, formant un angle aigu avec le tronc), étalée, elle ressemble parfois à un buisson rampant, en altitude, où l’arbre subit les assauts du vent et le poids de la neige. Ses fines aiguilles limitent sa surface foliaire et sa transpiration en pays sec, elles sont acérées et vulnérantes (blessantes), donc réputé pour repousser la dent du bétail.
Multiplication
– Par semis.
L’écorce rouge-brun se desquame en fines bandes verticales.
– de Virginie (Juniperus virginiana)
Le cône ouvert est recouvert de pruine blanche. Il est largement répandu et cultivé, atteignant 15 à 30 m. Ses feuilles ou aiguilles sont minuscules même à l’âge adulte. Son bois sert à faire des crayons, son huile appelée « de cèdre rouge » ou « oxycèdre » a des propriétés médicinales et insecticides.
– Cade (Juniperus oxycedrus)
Atteignant 10 m, il se trouve en Asie du Sud-Est et Europe du Sud. En parfumerie, on utilise l’essence issue du distillat de goudron (lui-même obtenu par pyrogénation du bois de cade) donnant une odeur très conifère en plus du côté calciné, goudronné (que donne aussi par ailleurs l’essence de l’écorce du bouleau merisier : Betula lenta). Ces deux essences, de deux arbres différents, sont classées dans les odeurs : cuirs de Russie. Très en vogue dans les années 20 dans les parfums féminins. Cette appellation cuir de Russie provient en fait du goudron de bouleau utilisé pour enduire les bottes des officiers de l’armée russe, pour les imperméabiliser. L’ambiguïté vient aussi du fait que cette odeur chaleur mate et puissante et très masculine a été utilisée pour des parfums féminins. Cuir de Russie (Chanel) pour l’essence de cade et Eau de Fier (A. Gontal) pour le bouleau.
L’huile de cade est plus connue, car elle est traditionnellement utilisée pour les affections de la peau (shampoing par exemple). Cette huile tirée du bois du genévrier cade a aussi un usage vétérinaire et servait autrefois à embaumer les morts. Les baies de ce genévrier aromatisent le gin aux Baléares ou le genévrier commun ne pousse pas.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
Le nom « junisperus » vient du celte « gen » signifiant buisson et « prus » âpre, allusion à la saveur des fruits.
« Communis » signifie en latin « commun », allusion à l’importante diffusion de cet arbrisseau.
Le rôle éminemment protecteur de ces arbustes épineux a été reconnu de tout temps et par tous les peuples. Outre à chasser les miasmes de la maladie, ils servirent aussi à chasser les mauvais esprits. En Estonie, on le plantait pour les écarter. De peur qu’ils se faufilent dans les trous et les fissures des murs, apportant avec eux la maladie, on frappait ceux-ci avec un rameau de l’arbuste.
Dans certaines contrées belges, on plantait un Genévrier devant la maison ou l’on plaçait une branche de cet arbrisseau au-dessus de la porte pour signaler aux passants qu’ils étaient les bienvenus pour déguster un verre de genièvre (moyennant paiement bien sûr…).
Dans diverses régions d’Europe, on attribuait un rôle protecteur au Genévrier. Il pouvait éloigner les maladies et les mauvais esprits, éloignant même les serpents et les sorcières. On en plantait donc à proximité des habitations.
Dans d’autres contrées, la légende veut que cet arbrisseau ait été béni par la Vierge Marie pour l’avoir abritée lors de la fuite en Egypte.
La Croix sur laquelle Jésus fut crucifié aurait même été en bois de Genévrier (d’autres essences aussi).
La Genevraie, La Genevraye, le Pauvre, Genevrey, Genevrières,… sont autant de localités qui nous rappellent le Genévrier.
Utilisation
Son bois est dur, compact, imputrescible, odorant, à grain très fin, ayant un beau poli.
Autres usages
– Bois : ébénisterie fine, tournerie (rouets), marqueterie, sculpture ; excellent combustible utilisé pour parfumer et fumer poissons et viandes.
– Baies : condiment (charcuterie, choucroute,.…). Les baies mûres aromatisent gin, chartreuse, pâtés et gibier. Ces qualités digestives sont appréciées dans la choucroute, les salaisons, les marinades et court-bouillons.
Usages médicinaux
Au IIe siècle avant J.C., on utilisait un vin diurétique à base de baies de genièvre ; cette recette a traversé deux millénaires sans subir de modifications. Ce vin combat les calculs, les inflammations de la vessie et des voies urinaires. On se servait également du bois de l’arbuste qui est sudorifique pour lutter même contre la goutte, la syphilis et la furonculose. Les branches aromatiques brûlées servaient à aseptiser les rues et les maisons lors des grandes épidémies de peste ou de choléra.
Au Moyen Âge, le genévrier commun était considéré comme un médicament et même comme antidote universel au XVIe siècle.
En 1870, dans les hôpitaux de Paris, on combattit, grâce à des fumigations de genévrier, une épidémie de variole.
Ces baies donnent également une teinture brune et une huile antiseptique, diurétique et désintoxiquante qui combat cystite, acné, eczéma, cellulite et rhumatismes. Les amérindiens les faisaient bouillir pour lutter contre les refroidissements et brûlaient les aiguilles comme encens.
Les feuilles fraîches donc les aiguilles atténuent les ampoules.
En parfumerie, on le trouve dans les parfums : XP pour homme et Coridan (Guerlain).
Toutes les parties de la plante sont diurétiques, anti-catarrhales, antiseptiques, dépuratives, toniques, apéritives et stomachiques.
Recette d’un vin apéritif et tonique
– 20 g de baies concassées
– 20 g de jeunes rameaux
– 1 de vin blanc
– 30 g de sucre
Faire macérer les baies et les rameaux dans le vin blanc pendant 4 jours, passer et filtrer, ajouter le sucre. Un verre par jour…
Maladies
Rouille en languette du genévrier
Cette maladie cryptogamique (Gymnosporangium clavariaeforme) se détecte par un renflement des branches sur 5 à 10 cm. Apparaissent alors des languettes brun rougeâtre et les branches se flétrissent et meurent après quelques années.
L’autre hôte intermédiaire de cette maladie est l’Aubépine.
Usages culinaires
Comme on l’a vu, les baies du genévrier parfument le gin en Grande-Bretagne dont le nom vient du néerlandais « jiniver » signifiant genièvre. Elles parfument aussi d’autres alcools comme le schiedam aux Pays-Bas, l’aquavit au Danemark et le piquet en Belgique.
Les fausses baies aromatisent aujourd’hui la choucroute, les marinades et les gibiers.
Certaines baies sont toxiques voire mortelles comme celles du genévrier sabine.
Inconditionnel du genévrier, j’apprécie votre site pour y trouver de précieuses informations