Le châtaignier ou arbre à pain ou bois du pauvre (Fagacées ou Cupulifères dont les fruits sont enfermés dans une cupule – comme le hêtre et le chêne)
o Commun (Castanea sativa) jusqu’à 35 m avec de grandes feuilles largement dentées, vert foncé, insérées en spirale autour du rameau.
o D’Amérique (Castanea dentala) jusqu’à 35 m avec de grandes feuilles étroites longuement acuminée, brillantes, vert plus pâle que Castanea sativa.
o De Chine (Castanea mollissima) jusqu’à 15 m avec des feuilles larges et ovales irrégulièrement dentées, face intérieure plus pâle.
o Du Japon (Castanea crenata) jusqu’à 20 m avec des feuilles plus petites et étroites finement dentées ou crenelées.
Chrysolepis chrysophylla ou Castanopsis chrysophylla est une espèce de Chrysolepis originaire d’Amérique du Nord.
– Le châtaignier du Japon (Castanea crenata) a été introduit à la fin XIXe siècle pour sa résistance à la maladie de l’encre, mais il existait à l’état subspontané (qui existe dans une région sans y être réellement indigène d’origine, mais qui se rencontre à l’état sauvage spontané, après s’être échappée des cultures) au pays Basque. Au Japon, il est spontané surtout dans les montagnes du centre de l’île de Hondo. Pour se développer, il lui faut un climat humide avec des précipitations abondantes et régulières, c’est une espèce strictement océanique.
– Le châtaignier de Chine (Castanea mollissima) a été introduit pour les mêmes raisons. En Chine, cette espèce est présente jusqu’à 2 000 m d’altitude, on la trouve dans la partie orientale et méridionale. Sa taille plus petite l’écarte d’un utilisation comme bois d’œuvre.
– Le châtaignier d’Amérique (Castanea dentala) est présent dans un peuplement à St Sylvestre (Haute-Vienne), amis on a pas pu démontrer la pureté de l’essence suite à coupes sur les arbres d’origine. Il est originaire de la côte Est des Etats-Unis, où cette espèce est d’un grand intérêt forestier, sa grande sensibilité à la maladie du chancre l’a rendu inutilisable en Europe. Cette maladie a presque entièrement détruit la Chataigneraie nord-américaine (400 000 km2 au début du XXe siècle).
– Le marigoule 15 (CA15) est un clone (ensemble d’individus génétiquement identiques, provenant de la multiplication végétative d’un seul individu originel) obtenu par croisement de Castanea sativa et de Castanea crenata obtenu en 1946 à Migoule en Corrèze. Taille jusqu’à 30 m avec des feuilles longues et étroites, paraissant insérées dans un même plant, sur le rameau. Limbe non plat formant un « V » de part et d’autre de la nervure médiane.
– Le Castanopsis (de Castanea, châtaignier et opsis, ressemblant) est un genre d’arbres à feuillage persistant, appartenant à la famille des Fagacées.
Spécificités du châtaignier commun (Castanea sativa):
Floraison
– Mai à juillet suivant les régions. Les chatons males répandent une odeur forte et assez désagréable. Les fleurs sont jaune-crème et exhalent en juin une odeur de miel. Les fleurs mâles et femelles se trouvent sur le même arbre, mais nettement séparées. Les fleurs mâles sont regroupées en chatons, les fleurs femelles sont groupées (1 à 5) à la base des chatons androgynes qui portent donc également des fleurs mâles dans leur partie supérieure. Les châtaigniers ont la caractéristique d’être autostériles(le pollen des fleurs mâles d’un arbre ne féconde pas les fleurs femelles du même arbre. La pollinisation entomophile croisée est obligatoire, dans les vergers, il doit donc y avoir plusieurs variétés dites compatibles.
Pollinisation entomophile mais croisée, la dispersion des graines, donc des châtaignes, est parfois faite par les animaux.
Fructification
– Elle est annuelle, les plants hybrides peuvent fructifier dès 3 ans : généralement abondante les années chaudes et sèches car la croissance végétative est réduite grâce à une floraison plus importante et une pollinisation facilitée. A l’inverse, elle sera moins abondante en cas de pluie au moment de la floraison (l’eau de pluie entraine le pollen, qu’on appelle coulure). Seul le rameau de l’année est fructifère, de bonnes conditions de croissance et un houppier largement étalé vers la lumière permet une meilleure production de châtaignes. Le cycle végétatif suivant les régions et le climat comprend les phases suivantes : débourrement (25 mars – 15 mai), floraison (15 juin – 15 juillet) et maturité des fruits (1er octobre – 15 novembre).
– Fruit : châtaigne beige à marron foncé, 1 à 3 dans une bogue épineuse. Un arbre en produit environ 150 kg par an. On se servait d’une pince en bois (Périgord) ou d’une masseta (Cévennes) pour ramasser les châtaignes ; un ramasseur en récoltait 100 kg par an. La châtaigne est riche en amidon et pauvre en protéines et graisses.
– Connaissez-vous la différence entre ces deux fruits du châtaignier que sont la châtaigne et le marron ?
– Pour établir la distinction entre l’une et l’autre appellation, le critère n’est ni dans la forme, ni dans la grosseur du fruit considéré, mais uniquement dans sa structure interne qui comporte ou non un cloisonnement. En ouvrant le fruit en deux parties égales, on distingue très nettement, à l’intérieur de l’écorce, la pulpe blanche. Si celle-ci est enfermée dans une ou plusieurs membranes de couleur brune, c’est une châtaigne, si elle ne forme qu’un même et seul ensemble, c’est un marron. Mais un arbre porte à la fois marrons et châtaignes, comment déterminer s’il mérite le nom de châtaignier à châtaignes ou à marrons ? Il sera dit « à marrons » si la proportion des fruits cloisonnés est inférieure à 12 % et « à châtaignes » si celle-ci est supérieure à 12 %.
Taille de 25 à 35 m à feuilles caduques, simples et dentées. Sa feuille est le symbole de la région Limousin. Il s’accommode d’un sol assez pauvre mais préfère une bonne terre profonde ni trop sèche ni trop humide, d’un faible ensoleillement. Il supporte mal les hivers rudes et en vieillissant son tronc s’évide et se creuse. L’écorce est grise et lisse devenant brune avec des stries souvent en spirales en vieillissant. C’est un arbre résistant à la chaleur, cultivé depuis 3000 ans.
Le plus gros châtaignier connu se trouvait, sur les pentes de l’Etna et avait 68 m de circonférence. Il avait 3500 ans. C’est une essence qui vit longtemps, d’ailleurs on rencontre beaucoup de spécimens de plus de 500 ans et même 1000 ans comme à Kerseoc’h et Locquénolé dans le Finistère.
D’après André Gayraud et son catalogue de végétaux mellifères, l’aire géographique du châtaignier correspondrait, en gros, à celle de la vigne. Il s’adapte aussi bien à notre climat continental qu’à nos deux maritimes (atlantique et méditerranéen).
C’est souvent un arbre d’altitude, mais il ne dépasse jamais 800 m sur le continent et 1 100 à 1 200 m en Corse. Malgré sa rusticité, il craint les gelées printanières.
Beau feuillu de nos forêts ou de nos taillis, le châtaignier commun s’impose par sa stature, généralement étalée. Il fait partie des plus hauts arbres d’Europe, mesurant jusqu’à 35 m de hauteur et l’on a vu des troncs développant jusqu’à 13 m de tour de taille.
Le tronc est court, la ramure comporte de grosses branches, l’écorce de longues crevasses, les feuilles sont longues à dents aiguës, le rameau qui porte les bourgeons est anguleux, le bourgeon a deux écailles et à sa base la cicatrice d’une feuille.
Sa longévité lui permet de devenir pluri-centenaire (jusqu’à 1 000 ans).
Il est facilement reconnaissable à ses feuilles de forme allongée et très dentée, et naturellement, à ses bogues que certains nomment des « hérissons ».
Multiplication
– Rejet de souche et par semis. Cette espèce est inadapté au calcaire actif (c’est la forme de calcaire assimilable par la plante), est présente partout en France même en Corse sauf dans le Nord et le quart Nord-Est. Vingt régions françaises sur vingt-six le mentionnent comme un arbre rencontré souvent dans leurs futaies. Toutefois sont considérées comme « castanéicoles » les départements du Massif central (07, 48, 30, 34) du Sud-Est et de la Corse (04, 06, 85, 2A, 2B), des Pyrénées (31,64, 65), du Centre (12, 15, 19, 36), de l’Ouest (16, 17, 24), du Sud-Ouest (46, 47, 81, 82), de Bretagne (29, 35, 56, 72).
– Les plus grosses superficies forestières dans la CEE sont la France (1 000 000 ha) et l’Italie (500 000 ha).
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
Originaire de la Transcaucasie en Asie Mineure (comme beaucoup d’arbres fruitiers), il est depuis longtemps cultivé par l’homme. Il est arrivé en Italie au IIe siècle avant J.C., via les Grecs et les Romains. Ces derniers l’ont introduit en Gaulle après sa conquête. Cette essence était étroitement associée à la vigne par son bois qui fournissait à la viticulture échalas, douelles, cercles de barriques, piquets, feuillards). Pourtant la présence du châtaignier actuel (Castanea sativa) en France a été démontrée grâce à des pollens datant de la fin du Miocène (fin de l’ère tertiaire). Les périodes successives de glaciation l’ont poussé à se déployer plus au sud. Certaines régions furent tout de même protégées comme la Corse, le Périgord et le massif des Maures. La lourdeur de ses graines (les châtaignes) a ralenti sa dissémination malgré un climat redevenu plus favorable. Des analyses de pollens antérieurs au XVe siècle, démontrent la rareté de cette essence à cette époque même dans les régions comme les Cévennes et le Limousin où elle est abondante aujourd’hui.
Par recoupement, on peut noter également que chez les Gaulois, le culte du châtaignier n’existait pas, on l’assimilait à l’état naturel aux fruitiers et non à une essence sociale comme le chêne.
Au Moyen Age, on a connu une période de plantations forestières du châtaignier, sur des surfaces importantes. Par la suite, les grandes « plantades » et les vergers assurent aux populations rurales un moyen de subsistance. Cette nourriture, à terme, nécessitait pour sa production (fruit au bout de 8-10 ans) des périodes sans troubles, les plantations furent donc décidées après la fin des guerres et des grandes épidémies. Ces plantations furent poursuivies jusqu’aux XVIe siècle et XVIIe siècle dans les Cévennes, en Corse et le Limousin. La production des châtaignes devenue commerciale a même ses grands marchés : Aubenas, Privas, Les Vans, Anduze, Aurillac, Tulle, Ajaccio, Pau et Oloron.
Le déclin de la châtaigneraie à fruits vient de la conjugaison de plusieurs facteurs : l’introduction de nouvelles cultures (pomme de terre, maïs, blé, mûrier, olive, vigne), l’arrivée de nouvelles voies de communication et du chemin de fer et de l’exode rural. Sans oublier les ravages dus aux maladies ( maladie de l’encre au début du XXe siècle et maladie du chancre) qui ont fait passer les vergers de production de 455 386 ha (en 1841) à 32 000 ha (en 1975).
Par la suite la culture continua mais pour son bois (pour les énormes besoins industriels des forges et la production d’extraits tannants : en 1914, on comptait 37 usines dont 3 en Corse. Cette industrie nouvelle (utilisant un brevet datant de 1860 mis au point par un teinturier lyonnais) produisait le tanin par extraction de son bois. En 1954, 700 000 tonnes de bois étaient encore traitées dans 6 usines.
Cette industrie déclina à la fin des années 1950, l’avenir du châtaigner (le bois comme le fruit) sera une autre sylviculture. On réoriente la production vers la vannerie, le feuillard (jeune rejet du châtaigner, fendu dans le sens de la longueur, utilisé pour cercler les barriques, ou comme lien), les meubles et parquets, etc.
« Castanea » désigne châtaignier ou châtaigne en latin, et serait emprunté au grec ancien kastanea désignant le châtaignier. Kastanea pourrait trouver son origine dans l’arménien kaskeni, nom attribué au châtaignier. « Castanea » désigne châtaignier ou châtaigne en latin, et serait emprunté au grec ancien kastanea désignant le châtaignier. Kastanea pourrait trouver son origine dans l’arménien kaskeni, nom attribué au châtaignier. Castanis, ville au nord-est de l’ancienne Turquie (Pont-Euxin, ancien nom de la mer Noire) est signalé comme étant à l’origine du mot. N’est-ce pas cependant l’arménien kaskeni qui aurait inspiré le nom de baptême de cette ville aux Châtaigniers ?
Ce nom latin s’est conservé dans beaucoup de langues : italien, castagna ; portugais, castanha ; espagnol, castaño qui a donné castagnettes ; allemand, Kastanie ; anglais, chest-nut.
« Sativa » signifie en latin cultivé.
En France, nombreux sont les noms de lieux qui rappellent cet arbre : Castaing, Castagnac, Châtenois, Chatenay, …
En Inde, le châtaignier est symbole de longévité.
Originaire d’Asie Mineure, il est depuis longtemps cultivé par l’homme. Il est arrivé en Italie au IIe siècle avant J.C.
Pour les Grecs, la châtaigne était un fruit peu connu, appelé « gland de Zeus » vers le IIIe et IVe siècle. Plus tard elle s’appela le « gland de Sardes ».
En Europe, la culture de cet arbre date de l’Empire romain et se développa au Moyen Age.
Les châtaignes ont toujours été considérées comme ayant une relation avec les morts. Ainsi, il existait plusieurs traditions comme manger des châtaignes (appelées parfois marrons) grillées le soir de la Toussaint dans l’Albret et à Marseille : on en mettait sous l’oreiller pour empêcher les revenants de venir la nuit vous tirer les pieds. À Carcassonne, on en mettait des bouillies dans le même but. En Gironde, une coutume voulait que l’on mette des marrons grillés au lieu du pain sur la table à laquelle les morts sont censés venir s’asseoir.
Le châtaignier (comme les chênes, les platanes et les tilleuls) a longtemps été utilisé en arbres d’allées.
Image même de l’inaccessible et du luxe, les allées de châtaigniers qui, sous Louis XV, faisaient figure d’exotiques et faisaient rêver. Une double allée, signe de richesse, dissimulaient les manoirs et les châteaux dans les domaines aux regards indiscrets, et offraient aux piétons un cadre élégant et civilisé qui préféraient emprunter la contre-allée plutôt que d’avoir à se compromettre avec les charrettes, les carrioles et les carrosses dans l’allée principale.
Le châtaignier était déjà connu des anciens sous le nom de : gland de Zeus. Théophraste assure qu’on le rencontrait en Macédoine sur le mont Pilon et en Eubée où de vastes châtaigneraies existent encore de nos jours. Diverses localités portaient déjà dans l’Antiquité le nom de Kastanea. Notre espèce indigène, Castanea sativa, est importée depuis longtemps en Europe, mais elle nous est venue de l’Est. Elle se complaît chez nous en France dans des régions d’origine géologique très ancienne, constituées par des sols acides à base de sables siliceux, de graviers granitiques, ou dans des terres volcaniques.
Si elle aime des sols frais, elle les veut bien drainés et redoute au plus haut point les sols mouillés compacts et mal aérés.
La distinction de châtaignier à châtaignes ou à marrons aurait de peu d’importance si ces deux noms ne couvraient pas un aspect sociologique intéressant. Le fruit du même arbre symbolisait dans différentes régions soit la richesse ou la pauvreté. La culture du châtaignier s’est adaptée et le choix variétal s’appuie désormais sur la production d’un fruit de luxe. Si la vente de la châtaigne décroît (celle-ci a pratiquement disparu de l’alimentation humaine), par contre, le marron a gagné ses lettres de noblesse sur les étagères de s confiseurs.
Le châtaignier des cent chevaux (Castagno dei Cento Cavalli en italien) est le châtaignier plus grand et ancien connu et l’un des vingt arbres déclarés « monument national » en Italie
Situé sur le versant oriental de l’Etna en Sicile, il est généralement considéré comme âgé de 2000 à 4000 ans. Il s’agit d’un châtaignier commun (Castanea sativa). La circonférence de l’arbre faisait 57,9 mètres quand il a été mesuré en 1780. L’arbre s’est depuis divisé en plusieurs gros troncs, mais ils partagent toujours les mêmes racines.
Le nom de l’arbre provient d’une légende dans laquelle la reine Jeanne II d’Aragon (XVIe siècle) et de son escorte de cent chevaliers sont pris, au cours d’un voyage à l’Etna, dans un violent orage. Tous auraient trouvé refuge sous l’arbre.
Plus généralement dans ce tronc creux avait été pratiqué une retraite où pouvaient s’abriter un berger et son troupeau. Mieux encore, on y installa une maisonnette avec un four, où l’on y faisait sécher et cuire ses propres fruits sur un feu alimenté avec son propre bois coupé à la hache. L’arbre subit inévitablement les outrages du feu, mais sa vigueur eut raison de ces pratiques dangereuses. À la longue, un tel traitement endommagea le tronc au point qu’il se divisa en trois. L’arbre, ou plus exactement ses rejets.
En France, des arbres vénérables ont subi bien souvent le même sort. Certains encore intacts ont près de trois mètres de diamètre.
Utilisations
Son bois est hétérogène, tendre à mi-dur, peu nerveux, très élastique et résistant, de couleur jaune clair tirant sur le gris avec des tâches sombres ; il se travaille bien, se fend bien, durable à l’intérieur. Son bois est très intéressant car il est utilisable sans traitements insecticides préalables. Il n’est pas utilisé en bois de chauffage avec des foyers ouverts (risque de projection de flammèches). On le confond parfois avec le chêne. Il a la particularité d’éloigner certains insectes. Son séchage est relativement délicat avec une tendance au collapse (déformations dues au séchage artificiel) et aux fentes internes.
– Autrefois : bois de mine
– Actuellement : charbons de bois, tuteurs, bois de mine, cannes, jalons, feuillards, échalas, lattes, clôtures treillagées, vannerie, bardeaux, palettes, voliges, douelles, charpentes (par exemple dans certains châteaux), perches, piquets, poteaux, pieux, douves (tonneliers), parquets, lambris, menuiserie, ébénisterie, panneaux de fibres et de particules, pâte à papier (après extraction du tanin), combustible médiocre. Le bois donne d’excellentes perches à houblon.
– Usage particulier : utilisation du tanin de l’écorce pour les peaux.
– La poudre de châtaigne blanchit le lin et sert d’empois car elle contient de la saponine.
– La châtaigne présente de nombreuses qualités alimentaires. Autrefois appelé l’arbre à pain, le châtaignier procurait l’alimentation de base du Massif Central et du Midi ; farine, pain, pâtisserie et en bouillie dans de l’eau et du lait. La farine de châtaignes était la base de l’alimentation des montagnards des Cévennes (cf. L’Épervier de Maheu de Jean Carrière, prix Concourt en 1972). Elle permit ainsi d’éviter de nombreuses famines. Elle se compose de 66 à 77 % de glucides, 12 à 16 % de protides, 2 % de lipides et de vitamines (C surtout, B1 et B2). Elle peut être consommée en purée une fois bouillie ou, séchée et moulue, en farine.
– Châtaignes à la saucisse : 250 g de châtaignes épluchées (après les avoir fait cuire au four ou à l’eau) – 150 ml de bouillon de volaille – le jus d’une demi-orange 2 saucisses fumées – 1 oignon beurre bouquet garni sel et poivre. Faites suer l’oignon dans le beurre. Ajoutez les châtaignes et remuez. Ajoutez le bouillon et le jus d’orange, assaisonnez et laissez mijoter ± 25 mn. Ajoutez les saucisses coupées en tranches et laissez cuire jusqu’à ce qu’elles soient chaudes.
– La purée de châtaignes accompagne souvent la dinde de Noël, période privilégiée pour la consommation des marrons glacés, châtaignes cuites et enrobées de sucre. En hiver, nombreux sont les foyers qui consomment ce fruit après l’avoir incisé et cuit sur une cuisinière ou sous la cendre ; chauds les marrons, chauds !…
– L’idée est commune d’affirmer que beaucoup de charpentes d’édifices civils et religieux sont en châtaignier parce qu’on lui trouve des qualités plus intéressantes que celles du chêne (aubier réduit à quelques cernes, bois se fendant très facilement et peu attaqué par les larves d’insectes). On lui prête d’éloigner les araignées. La célèbre grange céréalière de l’abbaye cistercienne de Cluny, possède une charpente en châtaignier. Les charpentes en châtaignier sont pourtant beaucoup plus rares que celles en chêne. L’écologie du châtaignier est assez différente de celle des chênes, ce qui exclut pratiquement l’utilisation intensive du châtaignier au nord de la Loire. D’autre part, les grands fûts rectilignes à beau déroulement (indispensables pour la réalisation de longues poutres) sont assez rares chez Castanea sativa.
– Le cerf récupère des sels minéraux pour ses bois sur le tronc des châtaigniers.
Usages médicinaux
– L’écorce est riche en tanin, astringente, fébrifuge et désinfectante.
– Les feuilles sont antitussives en décoction (elles enrayent les toux incoercibles), elles sont aussi astringentes (qui contractent les tissus en liant les protéines) et remplacent l’hamamélis tout en soignant bronchites et rhumatismes.
– Les chatons sont, eux, anti-diarrhéiques. Les châtaignes et les bogues soignent aussi les coliques.
– Un shampoing à base de feuilles et de peaux de châtaignes donne aux cheveux de beaux reflets dorés.
– La phytothérapie moderne réutilise toutes ces propriétés.
– Un concentré d’énergie : « La châtaigne, ça tient au corps » vous diront les habitués. Et pour cause… Ce fruit est très riche en glucides, notamment en amidon – parfait pour les besoins énergétiques générés par les efforts musculaires – et en saccharose, ce qui lui donne ce goût sucré. La châtaigne est d’ailleurs contre-indiquée aux diabétiques. Côté protéines, l’acide gamma-aminobutyrique participe, avec la vitamine B6, à la régulation de l’activité du cerveau. Les lipides, en faible proportion, sont constitués pour les deux tiers d’acides gras insaturés, bons pour la circulation (problèmes de varices et d’hémorroïdes). Quant aux fibres, elles facilitent le transit intestinal et contribuent à la prévention du cancer du côlon. L’absence de gluten sera appréciée par les personnes souffrant de maladie cœliaque (intolérance au gluten). Enfin, ce fruit contient des sels minéraux : du potassium, qui favorise le travail des muscles (y compris le muscle cardiaque), du magnésium, qui intervient dans la transmission de l’influx nerveux, mais aussi du phosphore et du calcium, éléments minéralisateurs utiles pour la constitution du squelette. La châtaigne est également riche en oligo-éléments (fer, cuivre, zinc, manganèse…) et en vitamines C, E, B1, B2 et B6. Elle est conseillée à ceux qui fournissent un travail intellectuel, aux personnes souffrant d’asthénie ou en convalescence, mais aussi aux enfants en pleine croissance. Petit inconvénient : elle est assez indigeste.
Maladies
Depuis 30 ans, l’espèce est en pleine récession progressive pour plusieurs raisons :
– Une relative mévente des châtaignes (coût du ramassage et de la main d’œuvre).
– À cause de deux maladies cryptogamiques, l’endothiose ou chancre de l’écorce et l’encre provoquées par un champignon qui parasite les racines.
L’encre du châtaignier
Maladie cryptogamique provoquée par des champignons du genre Phytophtora (cambivora et cinnamoni). Apparue en France en 1860 et propagée par l’eau, elle se détecte à un flétrissement de l’ensemble du feuillage, lui-même provoqué par la destruction du système radiculaire. De plus, des suintements noirâtres caractéristiques apparaissent au niveau des grosses racines et à la base du tronc. L’arbre peut mourir en 3 ou 4 ans. Le traitement par désinfection du sol est assez aléatoire.
Le chancre du châtaignier ou endothiose
Cette maladie originaire d’Asie, résultat de l’attaque du champignon Endothia parasitica, se manifeste en Ardèche en 1956. Elle provoque sur le tronc et les branches des châtaigniers des chancres, creux au centre et aux bords boursouflés, ponctués de pustules orangées. Sous l’écorce de ces chancres se trouve un mycélium jaune, disposé en éventail. Les arbres se dessèchent progressivement et meurent. Le traitement de cette maladie se fait par curetage et utilisation de produits fongicides
La roulure
Cette tare cachée de l’arbre est une maladie physiologique et non infectieuse. Elle se manifeste par des crevasses entre les cernes du bois, donc non détectable de l’extérieur, et l’arbre perd toute sa valeur d’utilisation. Cette roulure peut être provoquée par des blessures (animaux, outils, feu,…) mais aussi par des contraintes climatiques ou alimentaires.
Le châtaignier-pain des Cévennes
L’histoire des Cévennes débute un peu avec celle de la châtaigne. Avant le XIIe siècle, personne n’envisageait un seul instant que cette région de moyenne altitude au relief difficile puisse accueillir l’homme. Ce sont les moines bénédictins de Saint-Victor, de Marseille, ou de Saint-Benoit-d’Aniane qui relèvent le défi et attestent du contraire par leur présence. Ce sont eux qui construisent la plupart des villes de la région. Pour se nourrir, les moines développent la culture du châtaignier et mettent au point les techniques de greffage, car cet arbre, comme le mûrier, ne produit qu’après une greffe, chacun pouvant choisir son espèce. Au début du XXe siècle, il existe près de cinquante espèces différentes, la drigonne, la mazelette, la vignasse, l’espetarelle, la lagrette… chacun disposant de ses particularités. Grâce aux moines, la culture du châtaignier ne cessera alors de progresser, si l’on excepte une chute de production causée par le refroidissement enregistré au XIVe siècle. Durant cette période, privée de sa nourriture essentielle, la population trop nombreuse subit la famine, la peste et les troubles de la Guerre de Cent ans, et elle doit attendre plus d’un siècle que la vie économique autour de la châtaigne reprenne lentement. Les chênes rouvres ou verts et les bouleaux sont arrachés, des petits murs se construisent pour retenir la terre et l’arbre à pain fleurit dès qu’on lui trouve un coin de terre pour se développer. Même la grande gelée de 1709, si elle permet de donner un sérieux coup de pouce à l’avènement du mûrier, n’empêche pas le châtaignier de demeurer l’arbre nourricier des Cévennes. Tout ce qu’il produit est utile aux paysans. Son fruit, tout d’abord, ses feuillages pour la litière du bétail ou pour l’engrais, le bois, évidemment, imputrescible et qui se retrouve dans les charpentes, les meubles, les outils. Mais, comme toujours, c’est l’excès qui portera préjudice à la châtaigne.
Excès de plantation, excès d’exploitation. Le sol n’est pas reconstitué, il s’appauvrit, la maladie apparaît, la maladie de l’encre, qui noircit les racines, celle du chancre qui prive les branches de leur sève nourricière. Alors, les jeunes partent à la ville, dans les filatures ou les houillères des Cévennes, là où il faut du pin maritime, et non du châtaignier, pour soutenir les galeries. L’arbre symbole des Cévennes demeure aujourd’hui à travers quelques vergers où il fait l’objet de soins particuliers afin de produire une variété de gros fruit plus en rapport avec les demandes du marché. Ce ne sont malheureusement que quelques centaines d’hectares sans rapport avec l’insolente domination du châtaignier qui régna sur plus de 60 % des g surfaces exploitables.
Dominant à l’extérieur de la maison cévenole, le châtaignier l’était également à l’intérieur. Tout un travail s’effectue autour de son fruit qui fait l’objet de toutes les attentions.
Au moment de la récolte, toute la famille participe, dans la joie. Le soir, on chante et l’on boit lors des veillées pour trier les châtaignes. Lorsque le fruit est récolté, il importe de veiller à sa conservation, la plus longue possible, pour assurer une nourriture durant tout l’hiver, et même au-delà. La châtaigne peut être conservée sous les feuillages, enfouie dans le sable, mais la technique la plus sûre consiste à la faire sécher à la clède, ces petits bâtiments composés de deux pièces superposées, qui se trouvent encore au bord de certaines châtaigneraies à l’état de ruine. Sur les claies de la pièce supérieure, les châtaignes sont étalées sur une quarantaine de centimètres d’épaisseur, tandis qu’au-dessous, avec les écorces de l’année précédente on fait un feu qui sèche lentement le fruit pendant près de trois semaines. Durci comme de la pierre. II est ensuite débarrassé de ses deux enveloppes. Les châtaignes peuvent être placées dans un grand sac en toile de lin (le picadou) et battues sur un billot de bois, ou piétinées à même le sol à l’aide de grosses chaussures dotées de pointes métalliques. C’est alors que la châtaigne devient une bajane et peut être conservée tout l’hiver. Une petite partie de la récolte est vendue, une autre transformée en farine, mais c’est le « bajanat », la soupe de châtaigne qui reste la consommation essentielle. Trempée dans le lait pour retrouver sa tendresse, la châtaigne peut ensuite être accommodée à bien des sauces.
La châtaigne pour les bagnards : En 1905, un Conseiller général du canton de Saint-Germain-de-Calberte recommandait au ministre de l’intérieur de l’époque d’introduire la châtaigne dans l’alimentation des prisonniers. « Si elle est suffisante pour maintenir en bonne santé les vaillants et honnêtes travailleurs qui la récoltent, elle le sera sûrement pour assurer l’existence des peu intéressants pupilles que la société est obligée de parquer dans ses bagnes… ».
Qu’il est agréable de randonner sous les châtaigniers à l’automne. Cet arbre pousse en dessous de 800 mètres d’altitude. Rarement davantage. Des analyses de pollen trouvé dans les tourbières du Mont Aigoual révèlent la présence du châtaignier 3 000 ans avant Jésus-Christ. Lors des guerres de religion, les troncs des châtaigniers sont creusés pour cacher les vivres. Pendant la guerre des camisards, ces troncs creux vont accueillir des hommes, d’où le nom « homme debout » donné à certains meubles.
Le châtaignier a été exploité ci cultivé pour trois raisons. Son bois permet une menuiserie de qualité, les châtaignes et leur farine ont sauvé de la famine de nombreuses populations, notamment en France celles du Massif central et de la Corse, enfin et surtout, sa richesse en tanin chez les arbres de plus de cinquante ans a été exploitée par les teinturiers et les tanneurs.
Ces deux corps de métiers ont besoin de substances pour préparer les fibres au bain de teinture (opération que l’on appelle le mordançage) et pour tanner les cuirs. Un produit est parfaitement efficace pour ces travaux, l’alun, un sulfate d’aluminium et de potassium extrait de roches, universellement utilisé. Dès l’Antiquité, sa préparation et son commerce font l’objet d’un trafic international. Dans l’Occident médiéval, les marchands génois l’importent d’Egypte, de Syrie et d’Asie Mineure vers les grands centres drapiers et lainiers. Mais, comme il vient de loin et exige une longue purification, l’alun est un mordant coûteux, qui est réservé à la teinturerie de luxe. De plus, au cours du XVe siècle, les importations d’alun d’Asie Mineure sont interrompues à cause des conquêtes turques, les teinturiers se heurtent à une pénurie bientôt totale et cherchent à remplacer l’alun par des produits locaux. Pour les étoffes ordinaires, ils utilisent des mordants tel le tartre, récupéré sur les parois des tonneaux de vin, la chaux, le vinaigre ou l’urine. Mais il s’avère que ce sont les cendres du châtaignier qui donnent les meilleurs mordants, et l’essence commence à être exploitée intensivement. Les feuilles du châtaignier fournissent par ailleurs des teintures beige, brune, et, avec du fer, grise ou noire. Dans l’Empire ottoman, on combine les teintures jaunes issues des feuilles de châtaignier avec de l’indigo pour faire des verts.
La découverte de procédés d’extraction du tanin au début du XIXe siècle amène les industries de tannerie à faire un usage intensif du bois de châtaignier, tandis que les teinturiers apprennent à l’utiliser en premier bain, le second étant réalisé au bois de campêche, pour fabriquer des noirs sur le coton. Les châtaigneraies se sont donc considérablement développées jusqu’en 1950. Malheureusement, la surexploitation et les maladies ont décimé les forêts, et le châtaignier fait de plus en plus figure d’essence en voie de disparition.
Recette
Pour 500 grammes de laine, soie, lin ou coton. L’écorce, les feuilles et les bogues du châtaignier peuvent teindre. Avec des feuilles cueillies au printemps, on obtient des tons beiges. Celles de la fin de l’été donnent un brun chaud. On peut utiliser les feuilles fraîches ou séchées.
Émietter 300 grammes de feuilles et les mettre à tremper dans de l’eau durant trois jours. Compléter le bain jusqu’à environ 10 litres.
Introduire les fibres, monter doucement la température et faire bouillir quatre-vingt-dix minutes.
Pour obtenir une teinture bien unie, veiller à remuer très régulièrement. Laisser refroidir dans le bain. Rincer.
Si la nuance obtenue n’est pas assez foncée, recommencer l’opération en ajoutant au bain de teinture une décoction de rameaux brisés en petits morceaux bouillis dans de l’eau durant une heure.
Faire bouillir l’ensemble trente minutes. La décoction de rameaux peut être utilisée comme mordant dans un grand nombre de teintures brunes, noires et grises, mais elle introduit une nuance jaune. Les teintures issues du châtaignier sont très solides à la lumière et aux lavages.
Bonjour, c’est très intéressant tout ça .
Je vais revenir par ici…..(: