Le bouleau Bétulacées comme le charme, l’aulne et l’ostrya
o Pubescent ou Blanc (Betula pubescens)
o Verruqueux (Betula pendula, anciennement appelé Betula verrucosa)
o À papier (Betula papyrifera)
o Gris (Betula populifolia)
o Noir (Betula nigra)
o Merisier (Betula lenta)
o Et d’autres variétés (Betula grossa, utilis, albo-sinensis, alleghaniensis, ermanii et maximowicziana)
Spécificités du bouleau pubescent : le bouleau comme le saule et le peuplier ont la particularité de voir pousser des chatons avant les feuilles pendant une quinzaine de jours au printemps. Le chaton est un ensemble de fleurs minuscules, rudimentaires, toutes de même sexe. Il est soit entièrement formé d’étamines (dans ce cas, il est mâle), soit entièrement formé de pistils (il est alors femelle). Les rameaux sont dressés, ceux portant les bourgeons portent des poils, les bourgeons, eux, ont des cils blancs sur le bord des écailles. Les feuilles (à denture régulière) et leurs pétioles sont poilus. les graines ont des ailes étroites.
Le bouleau verruqueux a des rameaux pendants et le tronc à découpe en losanges, les pétiole des feuilles (deux fois dentées) est poilu. Le rameau portant les bourgeons( à écailles luisantes) comporte des verrues. Les graines ont des ailes larges.
Floraison
– Avril à mai. Les fleurs sont en chatons, les mâles de 6 cm de long, jaunes, pendants ; les chatons femelles sont plus petits, verts, dressés, séparément sur la même plante, au printemps. Mais il porte déjà à l’automne précédent des chatons mâles et femelles formés qui s’épanouissent au printemps suivant. Le pollen est alors prêt, aux caprices du vent. À noter que les chatons d’un même arbre ne se fécondent pas entre eux.
Pollinisation anémophile. Le bouleau règne dans les pays froids comme en Sibérie ou au Canada sur des milliers de kilomètres. On comprend que les insectes par ces climats rigoureux ne soient pas présents, d’où l’adaptation à une sexualité anémogame avec des chatons qui sont des fleurs peu séduisantes, réduites à leurs tristes nudités, sans pétales. La dispersion des graines est également anémophile. Un arbre en produit 10 millions. Elles ressemblent à des papillons.
Fructification
– Fruit : chaton-cône pendant, de 2 à 3 cm de long, à akènes munis de 2 ailes, 1 à 2 fois plus larges que l’akène, se désarticulant à maturité.
Taille de 15 à 25 m à feuilles caduques. L’écorce est très variable : lisse, craquelée ou s’exfoliant. Sa coloration est due à l’abondance de poches microscopiques d’air mises en lumière par le soleil. La texture et l’aspect varient avec l’âge de l’arbre, l’écorce des sujets âges a tendance à se craqueler et se fissurer. La palette des couleurs est très étendue. Les feuilles sont ovales, ob-ovales ou triangulaires prenant des couleurs jaune-or à l’automne. C’est un arbre colonisateur, il est présent dans les tourbières (à terres très acides). Terre d’élection de l’amanite tue-mouches, les bois de bouleaux hébergent autour de leurs racines des manchons de mycélium, constituant avec ce champignon une association à services mutuels ou symbiose. Cette association, encore appelée mycorhize, permet au champignon de se nourrir par absorption de glucides et inversement, celui-ci favorise l’absorption des éléments minéraux (phosphore, azote, magnésium, potassium, calcium, fer, …), spécialement dans les sols pauvres où les mycorrhizes sont généralement bien développés.
C’est une essence pionnière à croissance rapide même à basse température, rarement centenaire. Son allure délicate, juvénile, féminine atteint son apogée à l’âge de 20 ans. Demandant beaucoup de clarté, il pousse pourtant dans les sols les plus pauvres à faible teneur en nutriments même sur les sols acides, des plaines du nord de l’Europe à celles de l’Asie. Supportant bien le froid, on le rencontre jusqu’au Groenland et en Islande, en Sibérie jusqu’au Kamtchatka et même en bordure de la toundra.
Multiplication
– Rejet de souche et drageonnement
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
« Betula » ou betulla désigne le bouleau en latin. Les Gaulois nommaient, semble-t-il, betu ou betuo la poix obtenue en chauffant les rameaux de jeunes bouleaux ; c’est le bitumen latin. Betul aurait désigné l’arbre. « Pubescens » signifie en latin couvert de poils courts, allusion à la pilosité des feuilles et des jeunes rameaux.
« Pendula » du latin Pendulus (-a féminin de l’adjectif) signifiant pendant, allusion aux rameaux fins et luxueux.
Bouleau (1516), boul-eau est, semble-t-il, un dérivé accolé au suffixe eau pour différencier l’arbre de l’ancien français boule signifiant aussi rouler, boule. Le genre féminin du bouleau dans beaucoup de parlers régionaux est également révélateur des mythes associés à cette espèce. Au XVIe siècle on écrit le bouleau comme on dit encore la bioul, la bîola, la biolé, …
Un lieu planté de bouleaux se dit, suivant les régions, besse, bessière, beulet ou bouloie.
Les noms de localités telles que Biol, Bioul, Biollet, Le Boulay, Bellay, Belloy,… en France sont autant de lieux où régnaient jadis les bouleaux.
Toutes les populations du nord de l’Europe et de la Russie vénéraient le bouleau pour ses nombreux bienfaits comme la fustigation avec ses branches provoquant la transpiration dans les saunas scandinaves et bains de vapeur russes.
Le Bouleau est l’arbre des amoureux et des jeunes mariés qui, en gravant leurs noms sur son tronc, sollicitent le bonheur et la prospérité.
Les chamans sibériens grimpaient, en transe, dans les bouleaux, piliers du ciel, pour se rapprocher de ce dernier et demander aux forces divines leur intervention pour la guérison et la prospérité des membres de leur tribu. La blancheur de l’arbre était, ici comme ailleurs, évoquée dans la symbolique du retour à la lumière, du renouveau après l’hiver ; pour d’autres, elle symbolisait la virginité, la pureté, …
Le bouleau possède des qualités médicinales remarquables (voir à cette rubrique), c’est pourquoi on le disait purificateur.
Au Moyen Âge, en France, des rameaux de bouleaux constituaient le sceptre des maîtres d’école.
Dans toute l’Europe, on se servit de branches de bouleaux pour calmer les agités et fouetter les délinquants et même les aliénés pour chasser les mauvais esprits
En Scandinavie, il est aussi l’arbre de la renaissance printanière, l’éclosion de ses feuilles marquait le début des travaux agricoles.
Des coutumes diverses avaient usages :
En Suède, la veille du 1er Mai, les garçons se promenaient chacun portant un bouquet de rameaux de bouleau fraîchement coupés, plus ou moins feuillus. Un violoniste à leur tête, ils allaient de maisons en maisons, entonnant une prière demandant le beau temps, une moisson abondante et des bénédictions.
En Russie, pendant la Pentecôte, un jeune bouleau coupé était affublé de vêtements de femmes. Danses et chants rythmaient sa plantation dans une des maisons du village où il restait pour être honoré pendant les fêtes de Pentecôte. Le dimanche, cet arbre personnifié est jeté à l’eau ; un charme sans doute destiné à faire venir la pluie.
Symbolique (d’après Michaël Vescoli dans le signe de l’arbre) :
Dans le calendrier celtique des arbres le bouleau est associé à la date du 24 juin, trois jours après le solstice de l’été. Cette période de plein ensoleillement lui conféra son rôle sacré d’arbre de la lumière. Il symbolisait ainsi au cours de l’année : au printemps et en été, la fleur de la jeunesse, à l’automne le chemin du milieu de la vie (en rapport avec son feuillage doré) et en hiver, les noces du ciel et la terre.
Les grandes forêts de bouleaux des contrées polaires, résistants aux grands froids rigoureux des hivers sans jour et aux étés sans obscurité, étaient considérées par les Celtes comme le pays des divinités de la lumière.
Utilisations
Le bois est mi-dur, solide et facile à travailler, blanc crème avec plages légèrement jaunâtres. La loupe du bouleau est très recherché en ébénisterie. C’est un bois qui coupé pourrit rapidement laissé à l’état naturel, seule l’écorce ne dépérit pas du fait qu’elle soit rembourrée d’air lui conférant une étanchéité parfaite associée à une résistance incroyable : on a retrouvé dans des tourbières en parfait état de conservation des fragments d’écorce datant de plusieurs siècles. Le séchage du bois est facile et rapide avec tendance à moisir à basse température an début de cycle.
Le bois du bouleau pubescent est plus léger et plus mou que le bouleau verruqueux.
– Autrefois : charronnage, cercles de tonneaux, saboterie, ustensiles ménagers, bobines de fil, échelles, manches d’outils, balais.
– Actuellement : peu en menuiserie et en ébénisterie en France contrairement à la Scandinavie, placages pour agencement et décoration, ébénisterie, pâte à papier, panneaux, contre-plaqués notamment pour la fabrication de skateboards, instruments de dessin (règles, tés, équerres, coffrets), décoration, tournerie. Son bois sert à fabriquer le cor des Alpes et a de bonnes qualités acoustiques (caissons de haut-parleurs, tambours).
– Usages particuliers : bon combustible flambant haut et clair, propriétés tinctoriales, son écorce est employée pour le tannage des peaux.
Autres usages :
– Au Néolithique, des galets emballés dans de l’écorce de bouleau (Musée archéologique de Neufchâtel) étaient utilisés pour lester les filets de pêche.
– Les Lapons utilisaient cette écorce pour protéger du pourrissement les pieux de leurs tentes comme d’ailleurs pour le tannage des peaux de rennes et aussi comme une excellente protection contre l’humidité en l’utilisant pour isoler les maisons (sols et toits). Ils en faisaient également des vestes et des guêtres.
– En Norvège et en Suède, la couverture des toits se terminait par des écorces de bouleau couvertes ensuite de gazon sur une couche de terre. La forte teneur en résine de l’écorce était également mise à profit pour la confection de torches éclairantes (Europe et Amérique du Nord). Cet usage s’est maintenu dans les Alpes jusque vers les années 30.
– La vieille écorce servit aussi comme succédané du cuir, pour la fabrication de cordes (jusqu’au 18e s. en France pour remonter l’eau des puits), mais aussi pour faire des filets et des vases. On en faisait également des sandales et des pirogues.
– Dans l’Himalaya, des ponts suspendus sont réalisés en écorce tressée d’un bouleau (Betula utilis). Les canoës des Amérindiens du Canada sont en écorce de Betula papyrifera ; ces plaques d’écorce étaient reliées par des radicelles de thuyas et calfatées avec la résine du sapin baumier (Abies balsamea). On s’en servait en guise de cuir. Ils utilisaient aussi l’écorce en bandes mouillées qui en séchant immobilisaient les fractures des membres.
– Le bouleau, chauffé à l’abri de l’air, donne également une résine servant de colle, pâte à joints, … L’écorce servit également de parchemin, voire de nourriture en temps de disette (la jeune écorce est tendre et sucrée). Et même dans les lieux humides l’écorce en brûlant permettait d’allumer des feux.
– Dans la Rome antique, les licteurs (officiers précédant la magistrature lors des cérémonies) portaient des haches entourées de verges de bouleau. Au Moyen Age, les maîtres d’école utilisaient des sceptres en bouleau, arbre de la Sagesse, et partout en Europe, agités et délictueux étaient fouettés (même symboliquement) avec des rameaux de bouleau, les libérant ainsi de l’emprise des mauvais esprits.
– Un gisement mésolithique du Yorkshire (GB) daté de vers 8.500 avant J-C, a livré quantité de vestiges en Bouleau (fagots pour plate-forme d’accostage, flotteurs de filets de pêche en écorce, récipients à résine, …).
– Ce sont particulièrement les résines contenues dans l’écorce qui la rendent imputrescible et ont favorisé, depuis la préhistoire, son usage pour cette qualité.
– L’essence de Betula lenta (bouleau merisier), extraite de l’écorce et obtenue par pyrogénation, donne une odeur franchement calcinée et assez goudronné, d’ailleurs assez fantastique. On retrouve cette essence en parfumerie dans « Eau de Fier » de A. Gontal mélangée à des essences d’orange et de bigarade. Une autre essence, issue du distillat de goudron (lui-même obtenu par pyrogénation du bois de cade ou genévrier – Juniperus oxycedrus), donne une odeur plus conifère qu’on retrouve dans « Cuir de Russie » Chanel. Ces deux essences sont classées dans les odeurs cuirs de Russie, très en vogue dans les années 20 dans les parfums féminins curieusement. Il y a ici une ambiguïté d’une chaleur matte dégagée par ces deux essences qui sont puissantes et très masculines mais ayant été utilisées à l’époque dans des parfums féminins. L’appellation « cuir de Russie » provient du goudron de bouleau que les officiers de l’armée russe utilisaient pour enduire leurs bottes.
Usages médicinaux
D’une façon générale, le Bouleau (pubescent ou verruqueux) possède des propriétés médicinales remarquables :
– C’est un antirhumatismal et dépuratif précieux.
– L’écorce est diurétique et fébrifuge ; elle stimulait la digestion et s’avère efficace contre les affections cutanées.
– La sève : dès 1350, la sève de bouleau est prescrite pour l’élimination des pierres aux reins et de la vessie (cette sève était appelée « eau » ou « sang de bouleau ») ; pour cette raison, et surtout grâce à sa réelle efficacité, le bouleau deviendra l’arbre néphrétique d’Europe. La sève du bouleau contient jusqu’à 2 % de sucre et se conserve bien stérilisée. Un arbre âgé (± 40 ans) donne facilement 1 litre de sève par jour. De nos jours encore, la vigueur de ses propriétés diurétiques et dépuratives n’est pas contestée. En outre, les maladies de la peau (dartres, eczémas, …) et des voies urinaires sont soulagées par une cure de sève (3 à 4 cuillères à soupe par jour) durant 15 jours et renouvellement de la cure après une semaine d’arrêt. On en fait de cette sève, également du sucre ou du sirop, du vin pétillant et sucré et du vinaigre.
les Celtes considéraient cette sève comme un élixir de beauté.
– Les feuilles : cueillies au début de l’été, séchées et utilisées en infusion, elles sont diurétiques qui luttent contre la goutte et les rhumatismes ; elles sont aussi dépuratives et pourrait aider à dissoudre certains calculs des reins et de la vessie.
– Les bourgeons : ils ont les mêmes propriétés, renforcées, que les feuilles et s’utilisent soit en décoction, soit en compresse ou en lavage pour le traitement des dermatoses et abcès. On incorpore l’huile de l’écorce et de bourgeons à des savons médicinaux.
– L’écorce est un des ingrédients d’une bière non alcoolisée aux États-Unis.
Le bouleau merisier (Betula lenta), d’origine mexicaine, permet de produire une huile essentielle à partir de ses pousses (voir suite des usages de cet arbre plus haut).
Le bouleau verruqueux (Betula pendula, anciennement appelé Betula verrucosa) est plus connu sous des noms vernaculaires comme le bouleau blanc, le bouleau à balais, etc. C’est une espèce commune en France, mais c’est l’arbre par excellence des régions nordiques s’étendant de la Scandinavie à la Russie.
On le reconnait par :
– Son tronc est droit avec un houppier peu dense à rameaux retombants qui jeunes possèdent des verrues grisâtres, son écorce blanche et lisse devient noire au fil du temps. Ses chatons mâles d’environ 10 cm, et femelles, plus courts, sont présents sur le même pied en avril-mai.
– Ses feuilles sont alternées et triangulaires, caduques bien sûr, et dentées.
– Son écorce est argentée.
– Une forte croissance les premières saisons, essence de pleine lumière et pionnière, pouvant atteindre 100 ans.
– Ses rejets des souches et drageons.
Maladies
La maladie du pourridié : L’Armillaire couleur de miel (Armillaria mellea), encore appelée pourridié, se développe à la base du tronc ou de la souche. C’est un parasite redoutable émettant de longs filaments noirâtres (rhizomorphes) proliférant sous l’écorce des arbres et dans le sol où ils assurent la propagation du champignon. Cette contamination par les racines au départ d’un premier arbre parasité et se propageant selon un cercle qui s’agrandit d’année en année est également une des formes de la maladie du rond. La maladie du pourridié ou pourriture blanche, allusion à la couleur blanchâtre du manchon de mycélium (partie parasitaire qui, prélevant la sève élaborée et l’eau de l’arbre, le tue par défaut de nourriture), a généralement raison de l’arbre.
La Nonne (Lymantria monacha) : est un coléoptère qui s’attaque au feuillage. La défoliation plus ou moins sévère favorise l’apparition d’autres parasites et réactive des virulences virales, bactériennes, cryptogamiques, …
Le bouleau, un incorruptible
Né au milieu d’étangs et de bruyères, dans le nord du Minnesota, le canoë en écorce de bouleau est l’héritier d’un savoir faire. Le canot d’écorce n’est pas l’apanage des nations indiennes : on en retrouve au Mozambique, en Patagonie et sur l’île de Bornéo ; les « Ainus » du Japon et certains peuples de Sibérie utilisaient aussi le bouleau gris, à l’écorce épaisse et imputrescible. Les canoës d’écorce canadiens étaient tous conçus selon le même principe : en panneaux de bouleau, structure souple et liaisons cousues-collées. L’ornementation occupait une grande place, comme en témoignent les canoës des guerriers Micmac de la baie du Saint-Laurent, décorés de symboles faisant référence aux étoiles ou à des événements calendaires ; la navigation astronomique n’était donc pas réservée aux seuls Polynésiens. Aujourd’hui, seule une poignée d’artisans perpétue ce savoir-faire en Amérique du Nord, dont le constructeur du canoë de Boréal Confluence, Grant Golz, qui réalise des canoës et kayaks en bois, sur mesure.
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