Le marronnier (Sapindacées anciennement Hippocastanacées comme le pavier et l’aesculus)
– À fleurs rouges (Aesculus x carnea). C’est une variété plus petite fertile, hybride du marronnier commun et du pavier (Aesculus paeva)originaire d’Amérique du Nord, il existe un arbre planté en 1857 au Jardin Public de Bordeaux.
– Jaune (Aesculus flava). C’est cette variété qui prend les plus belles couleurs en automne.
– D’Inde (Aesculus hippocastanum). La région d’origine de cette espèce est restée très longtemps inconnue, en raison de son introduction dans les jardins d’Europe par l’intermédiaire des spécimens cultivés en Turquie. L’origine semble être l’Albanie et le nord de la Grèce et de l’Asie mineure. Ce nom vient propablement du fait qu’à cette époque tout ce qui était un peu exotique ne pouvait qu’être originaire des Indes.
– les espèces du continent nord-américain sont appelés paviers : Aesculus californica, Aesculus glabra (de l’Ohio), Aesculus flava, Aesculus pavia (qui croisé avec Aesculus hippocastanum a donné l’hybride fertile Aesculus x carnea, le marronnier rouge rencontré en Europe).
– Il existe également une espèce himalayenne, Aesculus indica, et une japonaise, Aesculus turbinata.
Floraison :
– Avril à mai ou juin. Avril à mai ou juin. Les fleurs possèdent un calice à 5 dents inégales et 4 à 5 pétales inégaux qui forment une corolle pourvue d’un pistil à 7 longues étamines recourbées vers le haut, ces fleurs sont disposées en une inflorescence pyramidale (un thyrse) portant jusqu’à 90 fleurs disposées autour d’un axe dressé de 30 cm de long.
– Mellifère. Les fleurs du marronnier d’Inde sont jaune-crème, à la fin du printemps, sont odorantes et nectarifères : Les pétales blancs ont une tâche qui vire du jaune au rose ou rouge-orange après la pollinisation. Ce changement de couleur est une information pour les insectes pollinisateurs (qui ne voient pas le rouge ou les couleurs approchantes) signifiant que cette fleur ne propose plus de nectar.
Pollinisation entomophile, la dispersion des graines est faite par les animaux.
Fructification :
– Fruit : capsule verte, plus ou moins épineuse (bogue), dans laquelle se trouvent 1 ou 2 graines luisantes : les marrons. De septembre à octobre.
Taille de 20 à 30 m à feuilles caduques qui se composent de 5 à 7 folioles avec un long pétiole. Les rameaux portant les bougeons qui sont collants a des cicatrices foliaires en forme de fer à cheval. Dès le mois d’août, son feuillage roussit et commence à tomber. Le port de l’arbre se reconnaît par ses branches fortes, le tronc a souvent des cannelures en spirale dans sa longueur mais à aussi l’inconvénient, après le pourrissement interne de son tronc, de s’effondrer inopinément.
C’est un arbre de pleine lumière de zone tempérée, présent à l’état sauvage dans le sud de l’Albanie et du nord de la Grèce, surtout planté abondamment dans les parcs et les grandes propriétés fournissant un ombrage dense et frais.
Multiplication :
– Semis et transplantation. Il a été introduit à Vienne dans les jardins impériaux en 1575 par le botaniste français Charles de l’Écluse dit Carolus Clusius (Jules Charles de L’Écluse, dit Carolus Clusius 1526-1609 médecin et botaniste flamand de langue française, l’un des plus fameux du XVIᵉ siècle). Ce dernier avait reçu en 1576 des graines envoyées de Constantinople par le baron Von Ungrad, ambassadeur du Saint Empire auprès de la porte ottomane (grâce à un échange de cadeaux diplomatiques à Byzance en 1557). C’est en 1615 que le botaniste parisien Bachelier rapporta de Constantinople le premier marronnier qui fut planté dans l’Hôtel de Soubise, à Paris dans le marais.
Aire naturelle :
– Péninsule balkanique
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie :
C’est le botaniste Linné qui baptisa le marronnier d’Inde, celui d’Europe (Aesculus hippocastanum).
« Aesculus » désignait en latin un chêne à fruits doux comestibles.
« Hippocastanum » signifie châtaigne de cheval qui vient du grec ancien hippos, cheval et castanon, châtaigne. En effet, les marrons broyés étaient ajoutés à la nourriture des chevaux (en Turquie puis en Europe) pour stimuler l’effort des sujets vieillissants. Cette vertu des graines du marronnier est implicitement reconnue par l’appellation anglaise common horse chestnut, comme d’ailleurs l’italienne ippocastagno et l’allemande Gemeine Rosskastanie.
Marron est emprunté de l’italien marrone, dérivé lui-même du pré-roman marr signifiant pierre, rocher. Marelle, jeu enfantin, en dérive également car il nécessite le lancer d’une pierre.
– 1535 : Bien avant son introduction en France, on trouve le nom de marron, dans Pantagruel de Rabelais pour désigner une grosse châtaigne à amande unique non cloisonnée.
– 1544 : Marron désigne une grosse châtaigne dans la région lyonnaise.
– 1555 : Le médecin Pierre-André Matthioli signale l’usage du marron dans la médecine vétérinaire.
– 1560 : L’usage du terme chastennier (châtaignier) marronnier est attesté. Il s’agit d’une dénomination par allusion à l’aspect du marron rappelant la châtaigne.
– Le célèbre naturaliste français Buffon (1707-1788) aurait utilisé pour la première fois le terme marron (1750) pour désigner la couleur s’y rapportant.
– Mais l’expression couleur de marron existe depuis 1706.
– 1576 : Selon beaucoup d’ouvrages botaniques, le marronnier, originaire d’Asie et de Grèce, fût introduit à Vienne en 1576 par le médecin botaniste Charles de l’Ecluse dit Carolus Clusius (1526-1609), alors directeur des jardins impériaux. Il nomma cet arbre marronnier d’Inde, persuadé qu’un arbre aussi original ne pouvait venir que d’une contrée aussi exotique, il sème donc des marrons à Vienne. Ces graines, en provenance de Constantinople, laissent penser que l’arbre est originaire de Turquie mais il y fut implanté. En réalité, l’espèce croît spontanément en Albanie et au nord de la Grèce. Clusius meurt en 1609.
– 1615 : Le Parisien Bachelier plante, lui aussi, un marronnier dans son jardin de la rue du Temple (Paris). Ce plant venait de Constantinople, Victor Hugo y fait référence dans Les Misérables comme étant « le père de tous les marronniers du royaume ».
– Le marronnier devient peu à peu un arbre typique des cités européennes.
– Au XIXe siècle, plusieurs expéditions botaniques cherchèrent en vain le marronnier d’Inde aux Indes. Il existe bien un marronnier originaire de l’Inde (Aesculus indica), mais on ne plante que très rarement en Europe.
– 1818 : En Suisse, chaque année le marronnier officiel de Genève est un marronnier commun, planté sur la promenade de la Treille, et dont l’éclosion de la première feuille annonce l’arrivée du printemps. Depuis 1818, chaque année, le sautier ( secrétaire du Grand Conseil genevois) observe régulièrement l’arbre et note sur un registre la date de l’éclosion de la première feuille, faisant l’objet d’un communiqué de presse. Dernières dates notées : 30/11/2011, 13/03/2012, 21/03/2013 et 05/03/2014.
– 1862 : Victor Hugo parlera de ce même arbre dans la deuxième partie des Misérables.
– 1940-45 : des marrons sont récoltés dans Paris pour fabriquer un succédané de savon. Le fruit renferme en effet des saponines (d’où dérive savon) qui sont de bons dégraissants.
– 1942 :150 tonnes de marrons, ramassés à Paris, servirent à préparer une fécule nourrissante… Faute de grives…!
– 1990 : ce parcours botanique est remis en cause par les découvertes de grains de pollen de marronnier dans l’Yonne datant du IIIe et IVe siècle, et d’autres dans l’Indre datant du Xe et XIIe siècle. Il faudra encore de nombreuses découvertes de ce type pour pouvoir comprendre la véritable histoire du marronnier et comment il a pu rester ignoré pendant plusieurs siècles en Europe.
– Des marronniers célèbres : celui décrit depuis sa cachette par Anne Franck dans son Journal, ce marronnier, devenu historique et âgé de 150 ans, s’est effondré lors d’un violent coup de vent le 23/08/2010. Le marronnier centenaire de Gap, abattu en 2011 pour faire place à un parking comme trop souvent dans des municipalités en prétextant sa maladie. Les marronniers du Palais Royal à Paris deviendront involontairement témoins actifs le 12/07/1789. Camille Desmoulins sortant du Café du Fou saute sur une chaise et appelle à l’insurrection. Comme signe de ralliement il arrache une feuille de marronnier qu’il met à son chapeau, chacun en fait autant ; les arbres dépouillés participent involontairement à la journée d’insurrection.
– Dans le langage journalistique, un marronnier est un article d’information peu importante, récurrente et prévisible (la rentrée des classes, la neige, les embouteillages, les régimes minceurs, les achats de Noël…). L’origine de cette appellation viendrait de ce que tous les ans, aux premiers jours du printemps, un marronnier rose fleurissait sur la tombe des Gardes suisses tués lors de la journée du 10 août 1792, dans les jardins des Tuileries à Paris. Tous les ans la presse s’en faisait l’eccho.
Utilisations :
Son bois est blanc, homogène, aspect soyeux, très léger et très tendre, se travaille facilement. Il est facile à polir et à peindre. Les vers le fuient. C’est un mauvais bois combustible.
Autres usages :
– Le marron est constitué d’amidon de 23 à 48 %, de saccharose 7 à 11 % et d’huile 5 à 7 %, il possède des principes toxiques comme l’aescine, un composé de saponines, qui lui confère une grande amertume (l’écartant pour cette raison de la consommation envisagée par des économistes-nutritionnistes au XVIIIe siècle) mais possède des propriétés médicinales reconnues.
– Autrefois : le marron d’Inde ne convenait qu’aux animaux en raison de sa forte teneur en tanin et autres substances amères. On s’en servait, comme le gland du chêne, de substitut de café, il remplaçait aussi le houblon pour brasser la bière et, en le laissant fermenter, on obtenait un alcool guérissant la toux. Il entrait aussi dans la composition de la colle utilisée par les relieurs et les tapissiers.
– Emballages, modelages, excellent bois pour la pyrogravure et se prête à la sculpture.
– Hors de son aire naturelle, il est essentiellement ornemental, bien que ses fruits soient encore abondamment utilisés. Mais c’est quand même la plus grande espèce ornementale avec le tulipier, tous deux à très belles floraisons. Son port majestueux et l’opulence de son feuillage lui ont valu de régner dans les grands parcs à la française dont il ombrage les allées rectilignes. Bien acclimaté dans les villes, le marronnier n’en souffre pas moins de la sècheresse et de la pollution.
– Les écailles des bourgeons fournissent aux abeilles du propolis (substance résineuse) qu’elles utilisent pour calfeutrer leurs ruches, colmater les fissures et fixer les rayons de cire.
– Les marrons contiennent de la saponine (émulsionne et dissout les graisses, connue des anciens qui l’utilisaient avant l’arrivée du savon pour laver leur linge) ayant des propriétés intéressantes pour la lessive (blanchir le linge).
– On en faisait une colle pour les bandelettes de maintien des plantes dans les herbiers. Cette colle obtenue à partir de la farine (de marrons décortiqués, séchés et broyés) délayée dans un peu d’eau et cuite donnait une colle blanche, imputrescible et insectifuge.
– Porter un marron dans sa poche, outre le côté superstitieux, il éloignerait les rhumatismes. Le massage décontractant de la paume répété serait plus réaliste. Toutefois cet usage permettait aux enfants, en principe encore non sujets aux rhumatismes, de garder les mains au chaud dans les poches et de ne pas perdre leurs mitaines non portées.
– Dans les armoires, c’est un insectifuge naturel contre les mites.
– Le feuillage abondant est par contre très apprécié et a fait l’objet de « toitures végétales » avant l’heure : les brasseurs bavarois ont planté des marronniers pour tenir au frais leurs caves à bière en des siècles où n’existaient pas les réfrigérateurs. Les racines superficielles de l’arbre n’endommageaient pas les voûtes des caves et le feuillage procurait aux clients un ombrage apprécié. Les Biergarten sont devenus une institution en Allemagne.
Usages médicinaux :
Les bogues sont légèrement narcotiques, les graines non traitées sont toxiques. L’extrême amertume des marrons les rend impropres à la consultation humaine.
Le fruit traité est vasoconstricteur, très efficace dans les pathologies veineuses (hémorroïdes, varices). Utilisé en alcoolure (macération pendant 10 jours de marrons frais râpés avec leur peau dans leur poids d’alcool à 90° – prendre 10 gouttes avant les 2 repas principaux, 15 à 20 jours par mois) ou en pommade (20 g d’alcoolure + 60 g de lanoline).
En gemmothérapie, on utilise le macérat glycériné pour traiter les jambes lourdes.
Le marron est aussi utilisé en cosmétologie.
L’écorce ramassée au printemps sur des rameaux de 2 ou 3 ans donnent des décoctions astringentes, toniques, antiseptiques, fébrifuges et, à ce titre, fut considérée comme bon succédané du quinquina. Elle donne aussi une teinture jaune.
En France, on récolte chaque année 300 à 400 tonnes de marrons pour la préparation d’extraits secs.
Incorporé en extrait à l’huile de bain, il tonifie et assouplit la peau.
Maladies
La pérennité du marronnier est mise à mal à cause des dégâts provoqués par un insecte, la mineuse, apparu en 1985 et qui ravage depuis les marronniers de toute l’Europe. La larve Cameraria ohridella est une espèce d’insectes lépidoptères de la famille des Gracillariidae, originaire des Balkans. C’est un petit papillon dont la chenille ravageuse est appelée « mineuse » ou « teigne minière du marronnier » se régale du feuillage, le dévorant de l’intérieur, fragilisant les jeunes arbres mais aussi les plantations provoquant le dessèchement du feuillage prématurément en été. Des millions de marronniers sont infestés à travers l’Europe.
Le marronnier est aussi victime d’un chancre dû au Pseudomonas syringae (une bactérie présente dans toutes les terres aurait produit des souches dangereuses pour les arbres ou des souches hier encore inoffensives auraient muté).
Sources : revues (dont la garance voyageuse n°105 et 107), livres de botanique, presse quotidienne et hebdomadaire et divers médias traitant ce sujet et recherches personnelles.
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