Le frêne- Oléacées (comme le troène de chine)
o Blanc ou d’Amérique (Fraxinus americana) grandes feuilles de 35 cm de 5 à 9 folioles de 12 cm
o Angustifolia (Fraxinus angustifolia)
o Commun ou élevé (Fraxinus excelsior) fruits groupés pendants et ailes aplaties
o À fleurs, orné ou arbre à manne (Fraxinus ornus) chez la plupart des frênes, les fleurs sont insignifiantes sauf cette espèce qui comporte des grands bouquets de fleurs duveteuses, à la fin du printemps ou début de l’été, exhalant un parfum qui déplait parfois.
o À petites feuilles (Fraxinus parvifolia)
o Bleu (Fraxinus quadrangulata)
o Rouge (Fraxinus pennsylvanica)
o Vert
o Noir
Il existe 60 variétés de frênes.
Spécificités du frêne commun ou élevé (Fraxinus excelsior)
Floraison
– Avril à mai, avant la feuillaison.
– Mellifère
Pollinisation entomophile et anémophile, la dispersion des graines est anémophile.
Fructification
– Fruit : samares de 2 à 4 cm de long comportant une échancrure, les samares s’ouvrent en deux pour libérer les graines et sont groupées en grappes persistantes l’hiver.
Taille de 20 à 30 m à feuilles dentées caduques, parfois peut atteindre 40-45 m de hauteur, mais il meurt jeune 120-150 ans. Les gros frênes croissent au centre d’un emplacement vide qu’ils ont, eux-mêmes, crée, leurs racines qui s’étendent en tous sens font périr la végétation autour d’eux.. La ramure est claire, le tronc souvent fourchu à écorce lisse puis fissurée. On ne le trouve guère en forêt, tout au plus en lisière des bois de hêtres. Il aime les bords de rivières où il aime côtoyer l’aulne et le chêne noir. Il a de très longues racines stabilisant les berges, utiles en cas de crue ou après la fonte des neiges, ses racines pivotantes abritent des bactéries symbiotiques : l’arbre obtient de l’azote en échange du sucre qu’il leur fournit. Il est sensible au gel et ce n’est que tardivement (après les Saints de glace) qu’il déploie son feuillage d’un vert lumineux qui reste en place jusqu’aux premières gelées. Ses rameaux et ses fruits restent en place jusqu’à fin novembre bien après que les feuilles soient tombées.
Chez le frêne, il existe des pieds différents, l’un porte des fleurs mâles, l’autre porte des fleurs femelles ou bien les deux sexes, donc hermaphrodites. Ses fleurs sont dotées simultanément des organes mâle et femelle. Il arrive toutefois, et même assez souvent, que l’un des deux sexes avorte. L’arbre se retrouve alors, entièrement mâle ou, au contraire, femelle. Pour un temps seulement : l’année suivante, il peut prendre le sexe opposé ! Et ce n’est pas tout : sur certains pieds, l’on trouve des branches mâles et des branches femelles…
L’écorce est grise, souvent recouverte de lichen jaune-orangé.
Ses gros bourgeons noirs veloutés avec un grosse cicatrice à la base, aux extrémités des branches, sont très caractéristiques de cette essence.
Multiplication
– Rejet de souche et par semis.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
« Fraxinus » désigne en latin le frêne dont l’origine du mot est inconnue, mais selon certains auteurs ce mot viendrait du grec ancien « praxis » signifiant haie parce que cette espèce se prête assez bien à cet usage ou bien viendrait de « frano » signifiant en grec « je ferme, je clos » ; on retrouve ici l’idée de haie. Cela viendrait également du latin « fragosus » signifiant rude ou retentissant, qui rappellerait que le frêne était l’arbre dédié à Poséidon, dieu des tremblements de terre et de la mer ; « excelsior » ou du latin « excelsus » signifiant élevé, allusion au port élevé de cette espèce. En français, on appelait autrefois cet arbre : fraisne, freine ou fresne.
On retrouve son nom dans la toponymie française : Fragnes, Fraine, Fraisse, Frasne, Frênes, Fragnes, Fraisse, Fresnay, Freignoz, Freichet et La Freissinousse. et Freney en France ; en Belgique : Frasnes, Freineux et le pont de Fragnée à Liège.
Arbre divin ou cosmique pour les Germains et pour les Scandinaves dont les Celtes, il représentait le support du monde des Anciens. Il était le trait d’union entre la Terre et le ciel ; ses racines plongent jusqu’à l’Enfer et sa cime atteint le Ciel. À ses pieds jaillit la fontaine « Urd », source de vie et les dieux se réunissent sous son ombrage. Son feuillage abrite un aigle qui, chaque jour, combat le serpent qu’hébergent ses racines, combat symbolique du Bien contre le mal. Cette symbolique serait-elle à la base du prétendu pouvoir antivenimeux de cet arbre ?
Il avait pour d’autres mauvaise réputation. Ainsi, un dicton disait : « si un homme plante un frêne, il perdra un mâle de sa famille ou bien sa femme ne mettra au monde que des morts-nés ». En fait cet arbre était interdit aux hommes. Ainsi, chez les berbères, le Dans l’Europe entière, le frêne était considéré comme guérisseur. Il passe pour le premier arbre crée par Dieu. Il est féminin, nourricier et maternel. C’est pour cela que seule la femme a le droit d’y grimper pour couper les feuilles destinées au bétail (quand les pâtures sont desséchées, y suspendant au passage des amulettes pour faire battre le cœur des hommes). On comprend mieux pourquoi, il leur était interdit ! seuls deux hommes avaient une dérogation ; le tourneur sur bois qui, de son bois, faisait les lats domestiques et le forgeron qui, avec son tronc, confectionnait la base de son enclume.
En Grèce, il était l’arbre de Poséidon, le Dieu qui brise la Terre, le Dieu des séismes. Il attirait le feu céleste (la foudre) et à sa suite les pluies fécondantes.
D’anciens rites populaires consistaient à l’emploi du bois de frêne pour allumer le feu nouveau en lui demandant de faire tomber les premières pluies du printemps.
Trois des cinq arbres magiques qui furent abattus en 665 en Irlande, étaient des frênes. Ils étaient censés manifester le triomphe du christianisme. Au XIXe siècle, un autre frêne sacré d’Irlande était réputé comme talisman contre la noyade. Les émigrants irlandais, partant pour les Etats-Unis après les terribles famines de 1846 à 1851, emportèrent avec eux des petits morceaux de cet arbre.
Utilisations
Les Anglais utilisent un condiment de fruits verts de Frêne au vinaigre.
C’est un très bon bois combustible et bon charbon de bois. Il est dur, dense, compact, souple, jaune avec des veines blanchâtres blanc nacré, souvent nerveux, élastique, résistant à la flexion et aux chocs, son cintrage est facile, son usinage est aisé malgré sa dureté. Il a une belle finition, un beau poli, prend bien le vernis. Il se tourne bien, mais n’a pas une grande longévité. Il prend parfois une coloration olive irrégulière qui le fait apprécier en placage.
Autres usages :
– Autrefois : servait à confectionner le fuselage des premiers avions, charronnage et carrosserie, raquettes de tennis, skis, sabots, arcs. L’écorce des jeunes rameaux a été utilisée pour tanner les peaux et aussi pour teindre la laine. On en nourrissait les chèvres qui ne tombaient jamais malades. Les Celtes en faisaient leurs javelots, leurs lances, leurs flèches. On a retrouvé autour de leurs places fortes des vestiges de frêne, preuve qu’ils s’en entouraient. Les druides lui attribuaient la force de faire tomber la pluie et même de conjurer la force destructrice des eaux.
– Actuellement : placage, rames et aviron, queues de billard, menuiserie et ébénisterie (racines et loupes recherchées pour cet usage), crosses de fusils, parfois utilisé en charpente malgré son peu de résistance à la pourriture. Les Anglais utilisent un condiment de fruits verts de Frêne au vinaigre. Il est parfois utilisé comme plante ornementale. On en fait des sièges de transports urbains, des articles de jardins et agricoles et des manches d’outils.Les feuilles du Frêne servent de fourrage pour le bétail dans certaines régions montagneuses.
Usages médicinaux
On lui connaissait des vertus pour guérir les hernies et les rachitismes infantiles.
De son écorce, on extrait la fraxine traitant goutte, rhumatisme et troubles diurétiques.
Les feuilles sont comestibles par les animaux, et sont aussi diurétiques et un remède contre les rhumatismes articulaires. De son écorce, on extrait la fraxine traitant goutte, rhumatisme et troubles diurétiques, et l’écorce des rameaux, mère et astringente, a longtemps été utilisée comme fébrifuge à tel point que de son écorce, on extrait la fraxine traitant goutte, rhumatisme et troubles diurétiques qui fut surnommée « le quinquina d’Europe ».
Durant la floraison du frêne à fleurs, des excisions, au mois d’août, dans l’écorce permettent de récolter une sève sucrée jaunâtre : la manne (qui désigne aussi les produits dérivés d’autres plantes). Nutritive et légèrement tonique, c’est un aliment de convalescence. Elle sert aussi d’excipient, mais elle est surtout utilisée comme laxatif doux pour les enfants et les femmes enceintes. Elle était vendue, sous le nom « la manne en larmes », par les apothicaires.
La manne est également appelée « miel de l’air ou miel de rosée ». On l’appela aussi « gelée blanche », elle qui avait nourri les Israélites pendant la traversée du désert.
Dans l’Europe entière, le frêne était considéré comme guérisseur. On lui connaissait des vertus pour guérir les hernies infantiles.
Le suc extrait des feuilles, bu ou appliqué sur la plaie, étaient d’une efficacité sans égale contre les morsures de serpents. Cet emploi perdura jusqu’au début du XXe siècle. À tel point qu’on dit que les serpents ne passent pas sous l’ombre des frênes. On dit même qu’un serpent auprès d’un feu, encerclé d’un feuillage de frêne, préfèrera se jeter dans les flammes plutôt que traverser ce feuillage pour s’enfuir.
Les feuilles fermentées dans de l’eau sucrée ou miellée donnent une boisson alcoolisée appelée frênette :
o Cidre du pauvre ou cidre de frêne, champagne de la forêt ou boisson des moissons, la frênette est une boisson traditionnelle tombée dans l’oubli depuis les années soixante. Toutefois, elle est encore fabriquée par quelques grands-mères dans les campagnes, mais méconnue des citadins. Cette boisson rappelant le goût du cidre ne date pas d’hier : nos ancêtres, les Gaulois s’en régalaient déjà. Le lendemain des repas arrosés d’hydromel et de cervoise – lourds à digérer et sources de maux de tête -, le druide faisait une décoction de frênette pour remettre les Gaulois sur pied. Chaque région, voire chaque fabricant, a sa propre recette. L’écrivain Colette y rajoutait ainsi du genièvre, de la coriandre, du bigaradier et du sureau, ce qui en rehaussait le goût et donnait une couleur ambrée. Très légèrement alcoolisée (- de 2°) et peu sucrée, cette boisson ne fait pas grossir. Elle se boit fraîche, comme une limonade ou peut être servie en apéritif, nature, avec du cassis ou de la pêche et même pendant les repas comme de la choucroute ou des crêpes. Elle accompagnera enfin très bien galettes, brioches, et gâteaux en dessert ou au goûter. Aujourd’hui, on peut la trouver chez deux producteurs : Jean-Claude David à St-Julien-de-Concelles (44450) et Hubert Delobel à Loison (62990).
o Les qualités nutritives de la feuille de frêne – qui contient notamment des sucres, de la vitamine C et des sels minéraux – se retrouvent dans la frênette. Mais cette boisson est surtout connue pour ses qualités thérapeutiques : elle a un effet diurétique, favorise la digestion sous l’action de la fraxine (substance contenue dans les feuilles et les fruits), a des vertus laxatives et constitue un remède contre la gastro-entérite. En outre, la frênette draine le foie, elle est efficace pour lutter contre les colites néphrétiques (calculs rénaux), fait baisser le cholestérol et élimine l’acide urique. Elle a aussi un effet antalgique sur l’arthrite et les autres maladies ostéo-articulaires. Le professeur Binet, ancien doyen de la faculté de médecine de Paris, avait d’ailleurs coutume d’appeler le frêne « l’arbre anti-goutte et anti-rhumatisme ». Pour finir, on lui attribue souvent la propriété d’augmenter la longévité. Quant à l’écorce du frêne, elle était autrefois utilisée dans le traitement de la dysménorrhée. Autant de raisons d’utiliser sans se réfréner le frêne et tous ses dérivés.
Maladie
Les frênes sont atteints par un champignon, d’introduction récente en France apparu en 2008 en Haute-Saône en provenance d’Europe de l’Est, la chalarose. Ce champignon se dissémine à une vitesse de 300 km par an, atteignant déjà tout le grand Est. Les insectes et les larves infestent les arbres déjà fragilisés par cette maladie.
Recette
Réalisée traditionnellement avec des feuilles de frêne couvertes de sève gommeuse, la frênette se confectionne aujourd’hui à partir de simples feuilles, beaucoup plus faciles à trouver.
Ustensiles nécessaires : Tonneaux en bois ou cubitainers à vin, marmite, linge propre, entonnoir, canettes de limonade à capsules.
Ingrédients : 50 g de feuilles fraîches et de fruits de frêne (samares) ou 15 g de feuilles séchées, 500 g de sucre de canne, 10 g de grains de chicorée, 10 g de levure de bière. 0 Faites bouillir les feuilles et les fruits dans 10 litres d’eau et laissez infuser 1/2 heure.
Filtrez la décoction avec un linge, versez-la dans une marmite.
Ajoutez le sucre de canne, (‘extrait de chicorée (après avoir fait infuser les grains dans l’eau) et la levure de bière biologique.
Laissez fermenter à l’air libre durant 5 à 6 jours s’il fait plus de 22 °C, sinon 8 à 10 jours.
Filtrez encore et mettez en bouteille.
Contenant très peu d’alcool (2 degrés), la frênette accompagne très bien les goûters : les petits gourmands apprécieront, sans en abuser bien sûr !
Variantes :
– Pour obtenir une frênette « demi-sec », ajoutez un quart aux dosages de sucre.
– La frênette peut aussi être réalisée à l’orange (remplacer les grains de chicorée par les écorces de deux oranges et du jus de citron).
– Si vous souhaitez essayer la frênette authentique, il vous faut récolter au moins 1 kg de feuilles de frêne couvertes de sève séchée. Ensuite, tassez les feuilles dans un tonneau sans couvercle, couvrez le tout de 10 litres d’eau tiède (40 °C) non chlorée, recouvrez le récipient d’un linge fin. Au bout de 24 heures, puis de nouveau le jour suivant, brassez la préparation. Laissez fermenter 5 à 6 jours à une température ambiante supérieure à 22 °C et jusqu’à 10 jours si la température est comprise entre 18 ° et 20 °C. Ensuite, filtrez avant de mettre en bouteille.
Une « mine » de renseignements. J’adore !