Le figuier (Moracées) comme le mûrier et l’oranger des osages
o Ficus carica : le figuier commun que l’on connaît en Europe.
o Ficus religiosa : on l’appelle aussi « le figuier des pagodes », il est pour les Hindous, les bouddhistes et les brahmanes le figuier sacré, l’arbre de la sagesse, il symbolise la connaissance et l’éveil. Il donne petites figues pourpres et mouchetées, ses feuilles sont luisantes. Il n’atteint pas plus de 5 m, ses branches se développent horizontalement puis se redressent doucement vers le haut.
Il existe 700 espèces de figuiers des régions tropicales ou subtropicales.
Spécificités du Ficus carica :
Floraison
– Les fleurs mâles et femelles sont très petites, peu visibles à l’intérieur d’un réceptacle charnu (fausse figue), vert, sur plantes séparées, à la fin du printemps.
Pollinisation entomophile
Cet arbre est en quelque sorte futuriste. Les fleurs déjà sont presque invisibles. Les figuiers ont passé un contrat extraordinaire avec un insecte dont il assure la fidélité ; c’est le Blastophaga. Le mâle est petit, myope et sans aile. On ne le voit jamais à l’air libre ; sur l’arbre, en fait, cohabitent deux genres de figues, les unes destinées à grossir et qui sont comestibles, les autres restant petites qui sont de fausses figues parfaitement imitées. Comme les vraies figues, elles sont tapissées à l’intérieur de petites fleurs et au sommet munies d’un petit trou. Ces petites fleurs femelles sont stériles et la femelle Blastophaga pond ses œufs dans les ovaires de ces fausses fleurs qui lui sont réservées par l’arbre. Les œufs, en éclosant, donnent des larves qui grossissent en dévorant les ovules. Le mâle Blastophaga est chargé de féconder ses larves, condamné à ne faire que cela, car il ne sort jamais de sa prison-figue. La femelle Blastophaga, elle, a des ailes et une fois sortie de l’ovaire en effleurant les fleurs mâles de la fausse figue, elle se charge au passage de pollen et peut ainsi aller vers de vraies figues pour les polliniser pour donner le vrai fruit délicieux que l’on connaît tous !
En fait les vrais fruits sont les petits pépins que la figue contient dont chacun provient d’une fleur minuscule fécondée ; la figue charnue n’est que l’habitacle gonflé après fécondation qui abritait les fleurs du figuier, sans doute les plus petites du règne végétal et les plus enfermées.
Une explication sur la pollinisation du figuier est donnée par Jacques Brosse dans son livre « les arbres de France » pages 82 et 84.
– Fruit : il est comestible. Platon l’appelait « la nourriture des athlètes ». De nombreuses petites graines dans un réceptacle, vert à brun ou pourpre à maturité. La plupart des plantes cultivées produisent des fruits sans pollinisation. A proprement parlé la figue n’est pas un fruit mais une inflorescence appelée sycone (venant de sykos, figue en grec et sucum, suc, sève en latin).
Taille de 10 m à feuilles caduques. Les feuilles peuvent atteindre 30 cm de long et sont profondément découpées en 3 à 5 lobes, cordées, dentées, vert-brillant dessus, rugueuses des deux côtés, jaunes en automne. Les Celtes, avides de voyages et d’aventures, avaient été séduits par son fruit au Portugal, en Grèce et en Italie. Ils essayèrent de l’acclimater en Europe centrale et en Angleterre. On le trouve aujourd’hui dans certaines régions clémentes du nord des Alpes.
C’est un arbre sensible aux gelées précoces et aux rigueurs de l’hiver. Parmi les 700 espèces de figuiers des régions tropicales ou subtropicales, seul le Ficus carica a su développer une relative résistance au froid.
Multiplication
– Rejet de souche et par semis. Ses branches peuvent raciner.
Aire naturelle
C’est l’une des plus anciennes cultures en Méditerranée, dès 9400 avant J.C. soit 5000 ans avant celle de l’olivier. C’est une espèce très répandue s’adaptant aux terres les plus ingrates, ne nécessitant pas d’entretien particulier, prolifique, très fructifiant.
On peut le trouver dans les forêts caducifoliées ; c’est une espèce couramment acclimatée dans le bassin méditerranéen. Il apprécie les terrains rocheux, y compris les vieux murs.
C’est un arbre qui supporte mal les gelées. Pourtant dans certaines régions, on est arrivé à le faire pousser. Ainsi, en région parisienne, à Argenteuil en 1890, on a créé 70 ha de plantations de figuiers croissant dans des tranchées protectrices et passant l’hiver sous une litière de paille et de feuilles séchées ; ces figues fraîches fournissaient, en saison, toute la région parisienne.
Celui que l’on connaît en Europe le Ficus carica a parfois pris des proportions gigantesques. Ainsi, à Roscoff, avait poussé depuis 1621 un figuier qui couvrait 600 m2. Il fallut même étayer sa ramure avec des piliers, et le tailler régulièrement pour qu’il n’envahisse pas les maisons avoisinantes. Malheureusement, on trouva plus radical, il fut arraché.
Histoire, origines, croyances, toponymie et étymologie
Cet arbre (Ficus religiosa) est sacré pour les Hindous, les bouddhistes et les berbères.
« Ce figuier des pagodes » était l’arbre de Vishnu et de Shiva, symbolisant pour les indiens et les bouddhistes, la connaissance et l’éveil, tenant son pouvoir principalement de son latex considéré comme une énergie universelle.
Le figuier ou plutôt la figue avait, dans l’Antiquité, un sens obscène qu’elle n’a jamais tout à fait perdu.
Le figuier, lui-même, était considéré comme un arbre impur et inquiétant. Mis en rapport avec le bouc, car en grec, on appelait parfois le figuier « tragos », le bouc et le mot latin « caprificus » vient de « caper », le bouc.
En Grèce, il appartenait à Dionysos (le dieu de la végétation, de la vigne et du vin, fils de Zeus et de Sémélé, aussi appelé Bakkhos qui devint Bacchus chez les romains), mais surtout à Priape, le dieu lubrique de la fécondité lesquels recevaient en offrande des phallus, taillés dans du bois de figuier.
A Rome il était dédié à Mars (dieu romain de la fécondité, mais représenté souvent et solidement armé, sa virilité toujours prompte à s’exprimer jusqu’à la violence, il est vite devenu dieu de la guerre), le véritable fondateur de la ville puisqu’il passe pour avoir engendrer Romulus et Remus. Un figuier sauvage (Ficus rominalis) était censé avoir abrité les jumeaux divins abandonnés sous le Comitium. Son dépérissement annonçait les pires malheurs publics ; aussi lorsque tel était le cas, les prêtres s’empressaient d’en planter un autre.
Le figuier est considéré comme étant l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal (dans l’Ancien et le Nouveau Testament) qui poussait dans le Jardin d’Eden où eut lieu la faute originelle.
Dans la genèse, il est dit : « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuier à tous deux et se firent des pagnes.
Dans tout l’Orient et même chez les juifs, le figuier était honoré comme figurant la science religieuse.
Utilisations
Son écorce entaillée laisse s’écouler un jus laiteux avec lequel on peut faire du faux chewing-gum.
Le Ficus carica :
– Les feuilles donnent une teinture jaune. Elles servent également à conserver les fruits, on les fait bouillir avec des châtaignes pour leur donner du goût.
Le Ficus religiosa :
– On utilise son latex comme cire à cacheter et pour préparer des poteries.
– On faisait du papier avec les fibres de l’écorce.
Le Ficus elastica : il est connu aujourd’hui comme plante ornementale, mais au XIXe siècle, il fut exploité pour son latex qui, coagulé, donnait une matière élastique et imperméable. Exploité de l’est de l’Himalaya jusqu’à Java, il fut supplanté au cours du XIXe siècle par l’hévéa d’Amérique du Sud fournissant le caoutchouc.
Usages médicinaux
Le Ficus carica :
– Son fruit est excellent et légèrement laxatif. Ce fruit est très aqueux, il apporte beaucoup de glucides et est riche en vitamines.
– Selon les médecins grecs et latins, elle augmentait la force des jeunes gens, améliorait la santé des vieillards et diminuait les rides.
– Jadis, les femmes enceintes en mangeaient beaucoup quelques jours avant leur terme, rendant ainsi l’accouchement plus prompt et plus facile.
– La décoction de figues sèches a, depuis l’Antiquité, été utilisée en gargarisme contre les irritations de la gorge, l’enrouement et les douleurs dentaires : une figue sèche sur un abcès dentaire le fait mûrir.
Le Ficus religiosa :
– Les feuilles et les pédoncules soignent les affections de la peau.
– En Inde, l’écorce est utilisée contre les névralgies dentaires, les crevasses et les inflammations des pieds.
– Le fruit, aliment de disette, est un laxatif léger. Il est pris en poudre avec de l’eau contre l’asthme.
Le figuier étrangleur (Ficus bengalensis) :
Il démarre son cycle sur une branche, où un oiseau a déposé une graine dans ses fécès. La plantule laisse alors descendre de fines racines jusqu’au sol afin d’y puiser eau et minéraux, puis se développe de façon spectaculaire, émettant de nouvelles et épaisses racines qui enserrent le tronc de l’arbre porteur. La victime meurt étouffée et se décompose petit à petit, laissant la place à son agresseur.
Sur certains figuiers le fruit se développe sur les branches (rarement) et parfois même dans le sol.
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